L'économiste du Togo

Accord de siège de la BOAD et de la BIDC au Togo: l’héritage régional financier de Gnassingbé Eyadéma


Le 5 Février 2025 a été marqué par la commémoration des 20 ans de la disparition du Général Gnassingbé Eyadéma, Père de la nation togolaise. Hommages, célébrations religieuses, culturelles et politiques ont marqué ce souvenir de l’homme d’Etat. Président fondateur de la CEDEAO et de l’UEMOA, l’ancien Président Togolais, Gnassingbé Eyadéma a été aussi remarquable sur le plan régional en obtenant le siège de deux banques régionales. Il s’agit de la BOAD et de la BIDC. Quelles sont les retombées socio-économiques pour le Togo ?


Conscient de l’importance stratégique d’accueillir des institutions financières d’envergure, le Président Gnassingbé Eyadéma a œuvré pour que Lomé devienne le siège de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) en 1973, puis plus tard celui de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) en 1999. Cette orientation s’inscrivait dans une dynamique observée ailleurs en Afrique de l’Ouest, à l’instar de la Côte d’Ivoire, qui abrite le siège de la BAD, et du Sénégal, qui accueille la BCEAO. En adoptant cette approche, le Togo a consolidé sa place dans l’architecture économique et financière régionale.


La BOAD a été instituée le 14 novembre 1973 par un accord signé entre les États membres de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA). Son siège est établi à Lomé, au Togo à la suite de la rencontre des chefs d’États le 12 octobre 1974 à Lomé. La BIDC, institution financière de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a également son siège à Lomé, au Togo et elle débute ses activités en 1999.


« Il est important de rappeler que le choix du Togo pour abriter les sièges de la BOAD et de la BIDC repose sur plusieurs facteurs historiques, politiques et économiques mais aussi du leadership qu’a joué le feu président GNASSINGBE EYADEMA dans les colonies françaises de l’Afrique de l’Ouest. Le Togo bénéficie d’une stabilité politique relative et d’un fort engagement dans l’intégration régionale.

Sa position géographique stratégique, ses infrastructures modernes, notamment le port en eau profonde de Lomé et les connexions aériennes, facilitent les échanges commerciaux et renforcent son attractivité pour accueillir ces institutions financières » explique M. LAMBONI G. Albert, Diplômé en Gestion des Finances Publiques à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et Consultant en Public Financial Management au Sénégal.


Retombées économiques


« Avant l’implantation de ces institutions, l’économie togolaise restait modeste. Dans les années 1970, son PIB s’élevait à environ 358,7 millions de dollars, avec une croissance irrégulière due à sa forte dépendance agricole et au faible niveau des investissements structurants. De même, son Indice de Développement Humain communément appelé IDH était particulièrement bas, traduisant les nombreux défis sociaux du pays.

Toutefois, avec l’installation de ces banques de développement de l’UEMOA et de la CEDEAO dans la capitale, Lomé a progressivement bénéficié d’un afflux de capitaux, d’une meilleure accessibilité aux financements et d’un renforcement des infrastructures, améliorant ainsi ses performances économiques et sociales » a expliqué M. ZEBADA Christian Gaspard, cadre de banque, Doctorant en Business Administration, Certifié Reuters et par Centre for International Central Bank Dialogue de la DEUTSCHE BUNDESBANK d’Allemagne en International Financial Relations, Expert en Finance Agricole.
Pour lui, ces institutions sont aujourd’hui visibles à travers l’évolution du PIB et de l’IDH.

Les financements accordés par la BOAD et la BIDC ont permis la mise en œuvre de projets d’envergure dans les domaines des infrastructures, de l’énergie et de l’agriculture, contribuant ainsi à la croissance économique, à la création d’emplois et à l’amélioration des conditions de vie. Dans les années 2010, le PIB du Togo a dépassé les 5 milliards de dollars, tandis que l’IDH a connu une progression notable, passant de 0,410 en 1990 à 0,484 en 2014, puis à 0,547 en 2023/2024, soit une progression de 13 % entre 2014 et 2024.


« L’installation de ces sièges à Lomé a également contribué un effet d’entraînement sur d’autres grandes institutions de la place. En effet, le gigantesque bâtiment de la BIDC accueille aujourd’hui le siège de la compagnie aérienne panafricaine ASKY, tandis que l’immeuble de la BOAD abrite le siège de la Caisse Régionale de Refinancement Hypothécaire de l’UEMOA (CRRH-UEMOA) ainsi que celui de BOAD Titrisation.

Ces développements renforcent l’attractivité du Togo pour les investisseurs étrangers et les institutions internationales, consolidant son statut de hub financier régional, une dynamique qui se poursuit sous le leadership de Son Excellence M. Faure Essozimna Gnassingbé, Président de la République togolaise » a-t-il précisé. Lomé abrite également les sièges de deux grands bancaires que sont Ecobank Transnational Incorporated (ETI) et ORABANK.


Enfin, au-delà des banques de développement de l’UEMOA et de la CEDEAO, le Togo compte actuellement 14 banques et 3 établissements financiers, un chiffre comparable à celui du Mali, selon les données publiées par la BCEAO en décembre 2023. Ce paysage bancaire dynamique constitue un atout majeur pour le pays, lui permettant de se positionner durablement comme un acteur clé du financement en Afrique de l’Ouest.


Bénéfices sociaux


Le pari du Togo produit déjà des effets. Ces deux institutions financières ont créé de l’emploi, investissement… L’impact sur le PIB n’est pas négligeable. Selon la Banque mondiale, la banque, l’assurance et les autres services marchands pèsent pour plus de 18 % du produit intérieur brut (PIB) togolais.


Chaque année, le secteur tertiaire s’impose de plus en plus comme le moteur de l’économie du pays, qui affiche également le taux de bancarisation le plus élevé de la sous-région avec un Togolais sur deux qui possède un compte bancaire.


Le Togo continue de gagner la confiance des institutions avec l’arrivée au pouvoir de Faure Gnassingbé. En 2021, African Guarantee Fund (AGF) a choisi Lomé pour implanter sa filiale ouest-africaine. Deux ans plus tôt, c’est African Lease, une entreprise spécialisée dans la prise de participations et leur gestion dans les établissements financiers, qui établissait son quartier général dans la petite capitale.
La rédaction

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