Léconomiste du Togo

Blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme: Le Togo évalue les risques liés aux actifs virtuels


Le gouvernement togolais a lancé, le 24 septembre 2025 à Lomé, l’atelier national de diffusion des résultats de l’évaluation des risques liés aux actifs virtuels et aux prestataires de services d’actifs virtuels (AV/PSAV).

Les travaux conduits par le ministère de l’Économie et des Finances et la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF), vise à mesurer les vulnérabilités du pays face au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme (BC/FT) via les actifs virtuels et tiennent place dans le respect des standards du Groupe d’action financière (GAFI). Selon Madame Akou Mawussé Adetou Afidenyigba, directeur de cabinet du ministre des Finances, l’État togolais s’engage à renforcer le cadre légal, consolider les capacités de supervision, intensifier la coopération internationale et sensibiliser les acteurs privés. De son côté, Tcha Bignonsi Aquiteme, président de la CENTIF, a rappelé que ce travail collectif, réalisé avec l’appui du GIABA et de la Banque mondiale, doit être utilisé comme levier pour moderniser le cadre juridique et sécuriser l’économie nationale.


Opportunités économiques et menaces


La prolifération des actifs virtuels ouvre des perspectives pour l’économie numérique, mais accroît aussi les risques d’abus criminels : blanchiment, financement du terrorisme, transferts illicites. Pour un pays en pleine transformation économique comme le Togo, la maîtrise de ces risques est vitale afin de préserver la crédibilité du système financier et attirer les investisseurs. La démarche togolaise illustre la nécessité d’allier innovation et régulation. En intégrant les standards du GAFI, le pays évite de devenir une zone vulnérable aux réseaux criminels et protège son intégration dans le système financier international. Les actifs virtuels offrent plusieurs avantages pour l’économie togolaise. Entre autres, un accès facilité aux services financiers pour les populations non bancarisées, une réduction des coûts et délais des paiements transfrontaliers. L’attraction des capitaux étrangers via des plateformes numériques et fintechs, le développement de solutions locales adaptées aux besoins des PME et des jeunes entrepreneurs. Toutefois, l’absence d’un cadre réglementaire spécifique pourrait générer plusieurs menaces dont l’utilisation des cryptomonnaies pour dissimuler ou transférer des fonds illicites, des transactions échappant au contrôle fiscal et réduisant les recettes de l’État, accroissement des fraudes, escroqueries et cyberattaques. L’adoption d’un dispositif réglementaire et institutionnel adapté permettrait le renforcement de la crédibilité du système financier national, en conformité avec les standards du GAFI et du GIABA ; la mobilisation accrue des ressources intérieures, via une fiscalisation progressive des transactions numériques ; l’attractivité renforcée pour les investisseurs étrangers, grâce à un environnement sécurisé et transparent. Un encadrement rigoureux des actifs virtuels pourrait positionner le Togo comme un hub sous-régional de la finance numérique régulée, un partenaire crédible dans les négociations économiques et financières internationales, un pays éligible à davantage de financements extérieurs, les bailleurs conditionnant souvent leurs appuis à des progrès tangibles en matière de gouvernance financière.


Dynamique régionale et mondiale


Le renforcement du dispositif LBC/FT au Togo s’inscrit dans un mouvement régional, porté par le GIABA, qui accompagne les États membres de la CEDEAO face à l’évolution des menaces financières. À l’échelle mondiale, la Banque mondiale et d’autres partenaires techniques soutiennent les pays émergents pour qu’ils adaptent leurs législations aux actifs numériques. Pour le Togo, cette évaluation est une étape stratégique : elle prépare la mise en œuvre de réformes concrètes et place le pays dans une dynamique proactive, en cohérence avec les ambitions de transparence et de résilience du système financier national. Le développement rapide des technologies financières, en particulier des actifs virtuels (cryptomonnaies, tokens numériques, plateformes d’échange), bouleverse les systèmes financiers mondiaux. En Afrique de l’Ouest, et au Togo en particulier, ces innovations constituent à la fois une opportunité de croissance et un défi majeur de régulation. Dans un environnement d’une forte demande d’inclusion financière, la digitalisation des paiements et l’expansion du commerce électronique, les actifs numériques suscitent un engouement croissant. Toutefois, leur caractère décentralisé et difficilement traçable expose les économies émergentes à des risques accrus de blanchiment de capitaux, de financement du terrorisme et de pertes fiscales. La maîtrise des risques liés aux actifs virtuels, intégrée à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, constitue un levier de crédibilité et de compétitivité. En anticipant sur ces enjeux, le pays peut non seulement protéger son système financier, mais aussi stimuler l’innovation et l’investissement, tout en consolidant sa place dans l’économie numérique régionale et mondiale.

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