L'économiste du Togo

La guerre de mobilité est déclarée à Lomé

On observe depuis quelques années au Togo une recrudescence des services de mobilité. Sur Android ou Apple, chaque société propose ses prix et ses services pour répondre aux attentes des togolais. Cette concurrence d’applis de mobilité se limite à Lomé, un périmètre restreint où le déplacement se fait en grande partie en taxi-moto.

Gozem, Taxi express 228, BKG Speed, Taxi-ToGo, Kingoo Togo, Lomé Taxi, Ouiidrive, DSTech Pro, Loxea de CFAO et Yango * sont autant d’applications mobiles de mobilité intervenant principalement à Lomé.

Comme pour la plupart des environnements des applications en ligne, il faut s’enregistrer. Une fois un compte créé, on va se servir de ses accès à chaque fois que l’on a besoin du service de l’application.

Gozem, la première application de transport à Lomé, lancée en novembre 2018, avec un service de taxi-moto« zemidjan » est passé à quatre roues (voiture) avec plusieurs gammes de confort et ensuite à trois roues (tricycle).

Pour le seul mois de mars 2024, on a enregistré l’arrivée de deux applis. Il s’agit de BKG Speed et DSTech Pro. Et en juin, l’arrivée tonitruante de Yango qui est actullement suspendu. Yango, la première victime ?

La filiale Bonkoungou Distribution (BKG) a lancé le 7 mars 2024 à Lomé, son nouveau service de réservation de voiture en ligne dénommé « BKG SPEED ». Une plateforme de commande et de réservation de voitures pour les courses. Via cette plateforme, BKG met à disposition des voitures de course et de livraison de repas et de colis.

A lire aussi : Régis ZAGBADI promoteur de IZAQA: « Dans la sphère des Fintechs, il faut un gros acteur pour tirer les autres vers le haut »

DSTech Pro, présente dans le paysage de la livraison au Togo depuis Juillet 2022, la société DS Tech (Delivery Service Technologies) se lance dans la location de voiture depuis le 30 mars passé. D’après les explications du premier responsable de cette société, Magloire Atana Samon, il s’agit d’une application qui doit servir à la « réservation en ligne, de télé-taxi, de fourniture de prestation de services, de l’intermédiation, de livraison de colis et de courriers, la représentation commerciale, l’import et l’export de marchandises ». Et déjà l’application se réclamerait plus de 3180 téléchargement sur Google playstore et App store.

La concurrence est rude. Les tarifs que proposent chacun de ses opérateurs sont pratiquement les mêmes. Pour se démarquer, ils jouent sur la promotion qui va parfois jusqu’à 40 %.

Fortune diverse

Le Top des applications utilisées au Togo est dans le transport et la logistique. « L’application Gozem m’aide beaucoup dans mes courses. C’est une application qui permet à ce que votre chauffeur vienne directement vous chercher pour vous déposer à un point donné. Ça vous évite d’aller rester au bord de la route », souligne Afiwa, une jeune commerçante.

« J’ai installé Gozem il y a un an. Ma voiture était au garage et j’avais besoin de me déplacer. C’est comme cela que j’ai commencé à utiliser Gozem », nous confie Ester, une cheffe d’entreprise. « Je suis très habituée à l’application Gozem. C’est le Uber togolais en fait », va renchérit Shalom, une esthéticienne.

« J’utilise plusieurs applications togolaises dont Gozem, Délivroum, pour manger de temps à autre. J’utilise également Kaba, pour quelques petites livraisons rapides », détaille pour sa part Marthe.

Dans un paysage où les applications sont devenues indispensables pour certaines personnes, le service proposé ne suit pas toujours. « Ce qui est un peu embêtant avec l’application, une fois que vous lancez votre commande de taxi, le chauffeur vous appelle pour avoir des précisions quant à votre situation géographique. Alors que normalement avec la géolocalisation, cet appel ne devrait pas être », déplore Ester qui estime que les chauffeurs doivent suivre une formation pour pouvoir bien utiliser le GPS.

De la déception, il en a eu aussi. « J’ai 4 ou 5 fois commandé des repas de restaurant différent, via une application, la commande est arrivée chaque fois en retard, très en retard. Du coup, le repas est froid, désagréable à manger », se rappelle-t-elle.

« J’ai déjà désinstallé plusieurs applications, parce que parfois l’application vend ce qu’elle ne contient pas ou il est tout simplement difficile d’avoir accès au menu », révèle pour sa part Marthe, soulignant que les aspects esthétique et design doivent être revue sur certaines applications pour les rendre plus attractives.

Environnement peu favorable

Ses applications de mobilité togolaise sont déjà nombreuses sur le périmètre de Lomé qui reste leur seule desserte. L’arrière-pays n’est pas propice pour la prospérité de ses applis compte tenu de la petite taille des villes togolaises, du manque de développement, du faible niveau de vie et de l’absence d’urbanisation.

A Lomé, le taxi-moto est très prisé, moins cher et à la portée de toutes les bourses. La  multiplication d’application de mobilité ne devrait pas être un service bénéfique. Lomé avec 2,18 millions d’habitants sur une superficie de 333 km² ne peut pas rivaliser Accra avec ses 4 millions d’habitants ou les 7 millions d’âmes d’Abidjan sur le service de transport interurbain basé sur le numérique. Comme conséquence certaines applications ont déjà fermé boutique.

Point de vue

« Les Togolais utilisent certaines applications togolaises. Des applications qu’ils jugent utiles. Au besoin, ils téléchargent, ils l’utilisent pour après la désinstaller. Donc en gros, il y a des applications dans les domaines des transports, les logistiques, les banques et finances/assurances, santé aussi qui sont utilisées », explique Emefa Kpegba, expert en numérisation et formateur en compétences numériques.

« Les Togolais veulent bien utiliser des applications mais des applications qui leur rendent service et qui leur facilitent la vie. Il faut vraiment que les innovateurs utilisent les technologies adaptées et moins gourmandes en data et en stockage », ajoute Mme Kpegba.

« En Afrique, je dirai que le succès d’une application réside dans l’ergonomie de l’application, sa valeur ajoutée et aussi la convivialité de l’application. Il ne faut pas oublier la manière dont l’application gère les ressources matérielles. Si l’application est très gourmande en termes de ressources internet, ça peut bloquer des utilisateurs à vraiment l’adopter », fait Séti Afanou, développeur.

Midas T.

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