L'économiste du Togo

La hausse des cours mondiaux du cacao bénéficie-t-elle aux producteurs ouest-africains ?

Avec des récoltes diminuées de presque 20% dans le monde en 2023, les cours du cacao ont explosé, passant d’environ 2.000 $/tonne en septembre 2023 à plus de 12.000 $/tonne au printemps 2024. Aujourd’hui, les cours se sont stabilisés aux alentours de 7.000 $/kg, soit une augmentation de plus de 250% en un an.

L’analyse de ce phénomène consacre 2 faits majeurs :

D’une part, les plantations en monoculture, et plein soleil, quasi généralisées en Côte d’Ivoire et au Ghana, ne sont pas résistantes aux changements climatiques globaux, et sont en partie responsables des baisses drastiques de rendements observées lors des dernières campagnes. Il y a donc urgence à investir dans l’adaptation des systèmes de production et dans la transition écologique du cacao.

D’autre part, après des années de prix bas, cette augmentation du prix du cacao représentait pour les familles de planteurs de cacao, une lueur d’espoir. Mais les systèmes de régulation des prix des 2 principaux pays producteurs, la Côte d’Ivoire et le Ghana, basés sur des systèmes de ventes anticipés, n’ont pas permis aux producteurs de bénéficier pleinement de la hausse des cours mondiaux. Dans un contexte de forte inflation des coûts de production et d’effondrement des rendements, l’augmentation des prix n’a visiblement pas complètement compensé les baisses de production et n’ont donc pas permis de lutter significativement contre la pauvreté des familles paysannes.

La hausse des prix du cacao  peut mieux faire pour les producteurs ghanéens

Pendant plusieurs années, le prix du cacao au Ghana est resté bas, ce qui a empêché les agriculteurs de réinvestir dans leurs exploitations et a suscité un désintérêt croissant pour la production de cacao. En raison des revenus limités des ménages, les agriculteurs et les jeunes n’ont pas été incités à investir dans les parcelles de cacao.

La plupart d’entre eux ne peuvent pas employer de main-d’œuvre pour l’entretien des exploitations (taille, désherbage, lutte contre les ravageurs et les maladies, etc.).

En réponse aux demandes des agriculteurs et à l’augmentation des prix mondiaux du cacao, le gouvernement du Ghana et le Ghana Cocoa Board – l’organisme de réglementation du secteur du cacao – ont augmenté sensiblement les prix du cacao au cours des trois dernières années. Le prix du cacao pour la saison 2022/2023 a été augmenté de 21% à 12 800,00 GHC (environ 735 euros) par tonne et de 63,5% à 20 943 Ghc (environ 1200 euros) par tonne pour la saison 2023/2024. Pour la campagne 2024/2025, le prix du cacao a été augmenté de 129,36 %, soit 48 000 GH ¢ (équivalent à près de 2760 euros) par tonne.

Cette augmentation significative se traduit par une augmentation des prix payés aux producteurs de cacao demandé de longue date. Mais le compte y est-il ? Ces augmentations du prix national du cacao couvrent une partie des coûts de production des cultivateurs qui sont de nouveau en mesure de réinvestir dans leurs exploitations et de s’occuper de leurs parcelles.

Malgré ces augmentations des prix du cacao au Ghana, il y a encore de fréquentes différences de prix entre le Ghana et ses pays voisins au Togo et au Burkina Faso, ce qui alimente des phénomènes de contrebande pour bénéficier de prix plus élevés. Les douaniers semblent devoir faire face à un nombre croissant de cas de fraude portant sur de petites quantités, entre 30 et 300 kg (dissimulation de cacao, utilisation d’itinéraires non approuvés, etc.).

Les membres du Fair Trade Ghana Network (FTGN) considèrent que les producteurs de cacao méritent une part plus équitable de la valeur mondiale générée par la filière cacao. Pour eux, le Ghana Cocoa Board devrait aller plus loin en termes d’augmentation du prix revenant aux agriculteurs.

L’amélioration de leur condition de vie reste un facteur clef pour inciter les familles de planteurs à réinvestir dans la culture d’un cacao pour faire face à la baisse de l’offre mondiale de cacao.

Commerce équitable France  

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