Ma récente visite au Musée des Douanes de Yokohama (visite organisée par la Japan International Cooperation Agency (JICA)) pour notre équipe de l’ African Union Development Agency-NEPAD m’a permis de réaliser à quel point le rôle des douanes dépasse la simple gestion des flux de marchandises.
Au Japon, les douaniers incarnent un engagement profond envers la nation, agissant en première ligne pour protéger l’avenir du pays. Cette mission de protection va bien au-delà d’un travail administratif : c’est un service au public, un appel au devoir.
En observant ce modèle, je n’ai pu m’empêcher de penser aux défis auxquels nous faisons face dans nos propres douanes, notamment au Tchad. Ici, la corruption a pris racine, transformant un secteur clé en une opportunité pour certains d’enrichir leur cercle plutôt que de servir le pays.
Si nous voulons réellement réformer nos douanes et les rendre professionnelles, cela exige bien plus que des réformes techniques. La transformation doit commencer par une gouvernance de qualité, fondée sur des principes d’éthique et de morale.
Tout d’abord, nous devons rétablir l’intégrité dans nos institutions. La confiance du public dans les douanes est essentielle. Pour cela, il est impératif que nos dirigeants politiques donnent l’exemple en plaçant l’intérêt national au-dessus des gains personnels. Une administration publique transparente et responsable est la première pierre de cette réforme.
Ensuite, il est crucial d’investir dans la formation des agents des douanes, non seulement sur le plan technique, mais aussi sur le plan éthique. Les douaniers doivent comprendre que leur rôle est avant tout un service à la nation.
En parallèle, la digitalisation des processus douaniers peut réduire les interactions humaines et, ainsi, minimiser les risques de corruption. Un système plus transparent et automatisé renforcerait non seulement l’efficacité, mais également l’équité.
La rémunération des agents doit également être repensée. Des salaires justes et des conditions de travail améliorées sont essentiels pour motiver les douaniers à accomplir leur mission avec intégrité, plutôt que de céder aux pressions extérieures ou à des pratiques frauduleuses.
Enfin, il est impératif de mettre en place des mécanismes de contrôle indépendants pour garantir que les normes légales et éthiques sont respectées de manière continue. La surveillance régulière par des organismes autonomes contribuerait à maintenir la confiance et à dissuader les abus de pouvoir.
Au final, réformer nos douanes est avant tout une question de gouvernance. Sans une volonté politique forte et un retour aux valeurs morales dans la gestion publique, nos efforts pour transformer ce secteur resteront vains. Nous avons l’opportunité de faire des douanes un pilier de protection nationale, mais cela nécessite un engagement politique sans faille et une véritable réhabilitation des valeurs qui devraient guider toutes les fonctions publiques
Amine IDRISS A. KARAMA
Senior Director African Union Development Agency-NEPAD