Le Bureau de restructuration et de mise à niveau (BRMN) et la Haute autorité de la qualité et de l’environnement (HAUQE) ont lancé officiellement, le jeudi 21 août 2025 à Lomé, de nouveaux outils destinés à renforcer la compétitivité des très petites, petites et moyennes entreprises (TPME).
Au cœur de l’initiative il y a des guides de certification, une procédure harmonisée de traçabilité et une offre améliorée de diagnostic et de plans de restructuration des entreprises. Un pas décisif, selon les organisateurs, pour préparer les produits togolais à l’exportation et répondre aux standards internationaux. La cérémonie a réuni plusieurs acteurs du secteur privé, des représentants de l’administration, des institutions de recherche ainsi que des partenaires techniques et financiers. L’objectif affiché est de doter les TPME togolaises, en particulier dans l’agroalimentaire, des outils nécessaires pour accéder aux marchés régional et international. « La certification et la traçabilité sont des piliers essentiels pour garantir la confiance des consommateurs, assurer la conformité aux normes internationales et faciliter l’accès des produits des TPME à de nouveaux marchés », a souligné Laré Arzouma Botre, président de la HAUQE. Ces nouveaux outils sont le fruit d’un travail collaboratif ayant bénéficié de l’appui du Programme pour la promotion de la compétitivité du secteur privé au Togo (ProComp), cofinancé par l’Allemagne et l’Union européenne, mis en œuvre par la GIZ.
Des normes internationales pour crédibiliser l’offre togolaise
Les guides présentés s’appuient sur les standards internationaux les plus reconnus, parmi lesquels ISO 9001 : système de management de la qualité ; ISO 22000 : sécurité sanitaire des aliments ; ISO/IEC 17065 : évaluation de la conformité ; Agriculture biologique UE et USDA Organic ; BRCGS (British Retail Consortium Global Standards) pour la sécurité alimentaire ; Fairtrade et Fair For Life (FFL/FLO) pour le commerce équitable. A ces référentiels s’ajoute un guide de traçabilité, permettant de suivre l’historique des produits « du champ à l’assiette » et d’assurer des retraits rapides en cas de problème sanitaire. « Grâce à ces guides, les entreprises disposeront de méthodes et de procédures normatives claires de suivi, de documentation, de vérification et d’audit. C’est une référence incontournable pour tout opérateur qui vise la certification et la conquête de nouveaux marchés », a précisé Koffi Lakoussan, directeur général du comité togolais d’agrément (COTAG).
L’offre améliorée de diagnostic : un levier de mise à niveau
En parallèle, le BRMN a dévoilé une offre de diagnostic et de plans de restructuration destinée à renforcer les capacités organisationnelles et techniques des entreprises. Selon Kanko Mawulawoe Sallah, directrice du BRMN, l’accompagnement repose sur deux volets, notamment, la mise à niveau globale, qui couvre toutes les fonctions de l’entreprise et débouche sur un plan d’affaires facilitant l’accès au financement et la mise à niveau spécifique, qui cible une ou deux fonctions jugées prioritaires à la suite du diagnostic. Le processus, volontaire et gratuit, s’étend sur deux ans pour une mise à niveau spécifique et jusqu’à 5 ans pour une mise à niveau globale. « La mise à niveau n’est pas seulement une méthodologie, c’est une question de survie de l’entreprise. Elle permet d’identifier les faiblesses, de définir un plan d’action et de mobiliser des financements adaptés », a-t-elle insisté.
Engagement politique affirmé
Les initiatives s’inscrivent dans la continuité de la politique qualité lancée par le Togo depuis la loi-cadre de 2009 sur la promotion de la qualité. Celle-ci a permis la création de la HAUQE et la mise en place du schéma d’infrastructure nationale de qualité, conforme aux orientations de la CEDEAO, de l’Union africaine et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). « Le gouvernement, sous la haute impulsion du Président de la République, veut faire du système qualité un outil stratégique de transformation structurelle de l’économie et de valorisation des potentialités du pays », a rappelé le président de la HAUQE.
Les partenaires européens et allemands en appui
Représentant l’ambassade d’Allemagne au Togo, Johannes Klotz a insisté sur l’importance de ces outils pour crédibiliser les produits togolais à l’international. « Les guides de certification et la traçabilité permettront aux entreprises d’être mieux préparées à la certification et de renforcer la confiance des acheteurs internationaux. Le déploiement conjoint avec l’offre de diagnostic marque une étape importante pour la compétitivité togolaise », a-t-il déclaré. Même son de cloche du côté de l’Agence de promotion des investissements et de la zone franche (API-ZF). Pour son directeur général, Atsouvi Yawo Sikpa, représentant le ministre de la Promotion de l’investissement, aucune prospérité durable ne peut être atteinte sans des entreprises solides, capables de produire selon les standards de qualité et de durabilité.
Appropriation collective attendue
Au-delà du lancement officiel, le véritable défi reste l’appropriation par les entreprises. Une campagne nationale de sensibilisation et de formation est prévue afin de vulgariser les guides et d’accompagner les TPME dans leur démarche qualité. « Les TPE qui s’approprient ces guides pourront progressivement relever leur niveau de qualité, se préparer à la certification et renforcer la confiance des consommateurs », a expliqué Dr Lakoussan. L’adhésion des entreprises au programme de mise à niveau est également jugée cruciale. « Plus elles intégreront ce processus, plus le tissu économique national sera compétitif à long terme », a insisté Mme Sallah.
Vers un secteur privé plus compétitif
Pour les autorités, cette double initiative, guides de certification et offre de diagnostic, constitue une avancée majeure pour le secteur privé. Elle devrait permettre aux TPME de moderniser leur fonctionnement, d’améliorer la qualité de leurs produits et de s’insérer dans les chaînes de valeur régionales et internationales. « Ensemble, nous écrivons une nouvelle page de l’intégration des TPME togolaises sur les marchés mondiaux », a conclu Johannes Klotz. Le succès dépendra désormais de la capacité des entreprises à s’approprier ces outils et de la mobilisation des partenaires financiers pour soutenir les plans de mise à niveau.