A long terme, les variations du taux de change nominal entre le franc Cfa et le dollar américain influent de manière significative sur le niveau général des prix dans l’espace Uemoa, selon une étude publiée par la Bceao.
Aké MIDA
Environ 61 % des dépréciations du taux de change nominal sont transmises au niveau général des prix dans l’Uemoa, tandis que seulement 44 % des appréciations de la monnaie sont transmises au niveau des prix de cette zone. Ce sont les conclusions d’une analyse empirique des effets moyens de long terme des variations du taux de change F Cfa/dollar américain sur le niveau général des prix dans l’Uemoa, publié dans la trente-cinquième Revue économique et monétaire de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao, Juin 2024).
L’article intitulé « Effets asymétriques du taux de change sur les prix dans l’Uemoa » précise qu’à long terme, une dépréciation de 1 % du taux de change nominal entre le F Cfa et le dollar américain induit une augmentation de l’Indice harmonisé des prix à la consommation (Ihpc) de 0,61 % dans l’Uemoa, tandis qu’une appréciation de 1 % du taux de change induit une diminution de l’Ihpc de 0,44 % dans l’Union.
L’auteur Mahamadou Diarra, professeur titulaire agrégé des Facultés des sciences économiques et directeur du Laboratoire d’économie appliquée de l’Université Norbert Zongo-Koudougou du Burkina Faso, en vient à la conclusion que « Le taux de change est un déterminant non négligeable de l’inflation dans la zone Uemoa et que, de ce fait, il doit être intégré dans les modèles de prévision de cette variable afin d’accroitre la qualité des prévisions ».
Fort de cela, le professeur Mahamadou Diarra suggère la prise en compte des effets non linéaires du taux de change dans la conception des modèles de prévision de l’inflation de la Bceao.
Attention au régime de change
Aussi, « Les effets de report asymétriques interpellent sur la nécessité pour la Bceao de disposer d’un modèle non linéaire de prévision de l’inflation pour plus d’efficacité de la politique monétaire », selon le professeur Mahamadou Diarra. Fort de cela, la prise en compte des effets non linéaires du taux de change s’avère nécessaire dans la conception des modèles de prévision de l’inflation de la Bceao.
L’étude montre aussi que l’abandon d’un régime de change fixe au profit du régime flottant ne serait pas sans conséquences sur la stabilité macroéconomique de la Zone Uemoa. Les résultats obtenus ne changent pas fondamentalement en procédant à une analyse pays par pays, même si l’amplitude des réponses varie d’une économie à une autre, souligne l’économiste.
En effet, en dehors du Niger, il ressort que toute dépréciation du F Cfa contribue à l’augmentation des prix domestiques dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Une dépréciation du franc Cfa de 1 % par rapport au dollar américain entraine une hausse du niveau général des prix de l’ordre de moins de 0,3 % dans quatre pays de l’Uemoa à savoir Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali et Sénégal. L’effet de report semble relativement plus important au Bénin (0,41 %) et au Togo (0,6 %), d’après les données de l’étude.
Pour la méthodologie, l’auteur s’est basé sur un modèle dit « non linéaire autorégressif à retards échelonnés (Nardl) » sur données de panel couvrant la période 1970-2017 et pour sept pays de l’Union (à l’exception de la Guinée-Bissau). Le modèle a mis en relation les phases d’appréciation et de dépréciation dudit taux de change avec l’Ihpc.