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Repenser la dette en Afrique : Déconstruire les mythes et identifier des solutions durables

Le rapport 2024 de « Office of the Special Adviser on Africa (OSAA) » en français Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique remet en cause les idées reçues sur la dette africaine, en révélant que le continent ne souffre pas d’un surendettement écrasant, mais qu’il est plutôt confronté à un important déficit de financement.

Pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) et les aspirations de l’Agenda 2063, l’Afrique a besoin d’un financement supplémentaire de 1,3 à 1,6 trillion de dollars. Ainsi, souligne le rapport, l’emprunt reste un outil nécessaire pour faire face aux crises cumulées de la détresse financière, du changement climatique, de l’insécurité alimentaire et des conflits persistants.

Il est essentiel de réexaminer l’utilisation historique des instruments de la dette en Afrique pour s’attaquer aux contraintes structurelles et débloquer les opportunités économiques. En favorisant la croissance économique et en garantissant la viabilité de la dette, celle-ci peut devenir un outil de progrès plutôt qu’un obstacle.

Cette évolution nécessite d’aligner les stratégies d’endettement sur les priorités de développement à long terme.

« La dette est un mode de financement important. Si de nombreux pays sont en situation de surendettement, nous ne devons pas considérer l’Afrique comme un continent complètement surendetté », a souligné Cristina Duarte, Secrétaire générale adjointe et Conseillère spéciale pour l’Afrique auprès du Secrétaire général des Nations Unies, à l’occasion du lancement du rapport à New York. « La dette, lorsqu’elle est gérée efficacement, peut nous aider à investir dans la réalisation des objectifs de développement ».

Le rapport souligne le besoin urgent de réformer le système de financement mondial afin d’assurer un financement prévisible et abordable, de donner la priorité aux résultats du développement plutôt qu’aux intérêts financiers privés, et de créer un espace fiscal pour financer les investissements dans les ODD.

Cristina Duarte appelle la communauté financière mondiale à « dépasser les mesures simplistes et à reconnaître les réalités économiques et structurelles uniques des nations africaines ».

Selon le rapport, les cadres existants, y compris les accords de restructuration de la dette tels que le cadre commun, sont insuffisants pour répondre aux besoins de développement de l’Afrique.

Au niveau national, les pays africains peuvent approfondir les marchés de la dette nationale afin d’encourager les investissements locaux et de s’engager efficacement avec le secteur privé. Le renforcement de l’architecture régionale de financement peut soutenir les projets d’infrastructure transfrontaliers, en complément des efforts nationaux. Le renforcement de la gestion de la dette et de la capacité de réforme sur l’ensemble du continent jouera également un rôle essentiel pour combler le déficit de financement du développement.

Le rapport envisage la dette comme un moyen de soutenir un modèle économique plus durable. Au-delà de l’extraction des ressources pour l’exportation, les économies africaines peuvent tirer parti de la dette pour créer des industries à valeur ajoutée, favorisant la résilience et l’autonomie.

Le rapport 2024 d’OSAA propose des réformes réalisables et des recommandations politiques visant à relever les défis financiers de l’Afrique.

1. Améliorer l’accès à un financement abordable

Tenir les promesses d’aide publique au développement (APD), en allouant 10 % au renforcement des capacités et à la numérisation des systèmes de mobilisation des ressources nationales (DRM).

Réformer les banques multilatérales de développement (BMD) pour qu’elles se concentrent sur les prêts concessionnels à long terme (30-50 ans), qu’elles augmentent leur capital et qu’elles prêtent en monnaie locale pour réduire les risques de change.

Donner la priorité au développement durable en garantissant un financement prévisible et à grande échelle de l’adaptation au changement climatique.

2. Réduire les coûts d’emprunt

Restructurer la dette à court terme à taux d’intérêt élevé en prêts à long terme et à faible coût afin d’alléger la pression fiscale.

Améliorer le cadre commun du G20 en élargissant l’éligibilité, en clarifiant les processus et en suspendant le service de la dette pendant les négociations.

3. Renforcer la viabilité de la dette

Introduire une suspension du service de la dette liée aux progrès réalisés dans le cadre des objectifs du Millénaire pour le développement.

Créer une Autorité de la dette souveraine pour donner la priorité au développement dans le traitement de la dette.

4. Tirer parti des innovations en matière de financement

Utiliser des clauses conditionnelles pour suspendre les paiements de la dette pendant les crises.

Recourir à des échanges dette-développement/nature/climat afin de libérer des ressources pour l’investissement dans les ODD.

5. Renforcer la coopération régionale

Stimuler les banques régionales de développement et accélérer les institutions panafricaines telles que la Banque africaine d’investissement et le Fonds monétaire africain.

Faciliter le financement transfrontalier des infrastructures et approfondir les marchés financiers régionaux.

Franck Kuwonu

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