Voici les véritables panafricanistes ! «On fabrique des grands capitaines d’industrie dans une économie lorsque celle-ci dispose aussi des grands capitaines de la finance capables d’accompagner cette industrie».
En Afrique, la colonisation avait légué un secteur financier rudimentaire et moribond, dont les seules banques dynamiques étaient à capitaux étrangers, essentiellement de l’ancienne métropole. Aucune industrialisation ne se construit avec ça ; aussi longtemps que la dynamique n’est pas endogène.
Voilà pourquoi je trouvais risible lorsqu’on se réjouissait parce que ces banques avaient commencé par nommer des africains à quelques postes de direction: l’africanisation des postes, disait-on. Titre de presse. Promesse de révolution copernicienne.
Chimère ! La preuve, on a juste changé les opérations des crédits de campagne d’exportation des matières premières (café, cacao coton, etc.)…contre des financements des besoins en fonds de roulement de leurs grands groupes installés en Afrique.
Qui va prendre ses fonds propres pour financer le développement du tissu de tes PME?
La vraie révolution qu’on observe, ce n’est pas l’africanisation des postes, mais plutôt l’africanisation du capital. Et c’est cela qui va créer l’installation de la dynamique endogène. Le capitalisme industriel africain en construction a besoin davantage de capitaines africains de la finance.
C’est ainsi qu’on a vu éclore une dynamique de grands financiers africains qui vont développer et racheter des banques, en faisant sortir et remplacer progressivement les anciennes banques étrangères.
Des porteurs d’une finance à capitaux africains pour soutenir l’aventure économique africaine. Et la dynamique doit se renforcer.
En réalité, il est clair que la finance africaine s’engage à être une finance pro-industrie. Ou bien elle ne servira à rien. C’est une conviction forte. Et au fond, un truisme.
Djerassem Djimhotengar Executive Director, Chief Risk Officer|| Bank Board Member || Business Strategist & Investor