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Bourse des Matières Premières Agricoles: La BRVM et l’ARRE exposent les avancées du projet à Paris


La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) et l’Autorité de Régulation du Système de Récépissés d’Entreposage (ARRE) ont tenu, le lundi 24 février 2025, au Salon international de l’agriculture à Paris, un panel autour du thème : “Promouvoir le SRE pour le développement des bourses de matières premières agricoles”. L’objectif de cette rencontre était de faire le point sur l’opérationnalisation de la Bourse des Matières Premières Agricoles de Côte d’Ivoire (BMPA-CI), pour la structuration du marché agricole.

Au cours des échanges, les représentants de la BRVM et de l’ARRE ont rappelé les objectifs principaux du gouvernement ivoirien à travers ce projet. Il s’agit entre autres de transformer structurellement l’économie ivoirienne en valorisant ses productions agricoles ; mettre en place un mécanisme transparent de fixation des prix des produits agricoles ; améliorer la rémunération des producteurs en réduisant la volatilité des prix ; stimuler la production en renforçant la confiance des acteurs du secteur. Le professeur Justin KOFFI, intervenant lors du panel, a souligné le rôle clé du Système des Récépissés d’Entreposage (SRE), un dispositif permettant aux producteurs de stocker leurs récoltes dans des entrepôts certifiés tout en bénéficiant d’une garantie financière. Actuellement, ces entrepôts peuvent accueillir environ 350 000 tonnes de produits agricoles, principalement à Abidjan, San Pedro et dans les grandes zones de production du pays. Dans cette dynamique, il a appelé les investisseurs privés et institutions financières à s’intéresser au marché ivoirien de la logistique d’entreposage, dont les besoins sont estimés à 5 milliards d’euros, un secteur représentant un marché mondial de 549 milliards de dollars en 2025 et porteur d’importantes perspectives d’emplois.


Un projet structuré selon les normes internationales


Le Dr Edoh Kossi AMENOUNVE, Directeur Général de la BRVM, a précisé que son institution joue un rôle d’Assistant Technique dans ce projet et assure la gestion de la BMPA-CI pour une phase pilote de 24 mois. Jusqu’ici, plusieurs avancées ont été réalisées. On peut retenir qu’une étude de faisabilité a été menée ; qu’un cadre réglementaire a été défini ; que l’architecture du marché a été conçue selon les standards internationaux. Le marché devrait entrer en activité dans les prochains mois, une fois les premiers acteurs agréés. Pour son lancement, trois produits agricoles stratégiques ont été sélectionnés : la noix brute de cajou, la noix de cola et le maïs.


Un marché attractif


Au-delà de la mise en place de la BMPA-CI, les discussions ont également porté sur la nécessité de former et de sensibiliser les acteurs du secteur agricole. L’objectif est de permettre aux producteurs de mieux comprendre l’intérêt de cette bourse, qui leur garantira un accès facilité au financement, une meilleure structuration des ventes et une stabilisation des revenus. Par ailleurs, les investisseurs nationaux, régionaux et internationaux ont été appelés à saisir les opportunités offertes par ce nouveau marché. La création de la BMPA-CI marque un tournant pour l’économie ivoirienne et devrait renforcer l’attractivité du pays dans le secteur des matières premières agricoles. L’intégration du secteur agricole dans un marché boursier organisé est une opportunité pour les investisseurs, aussi bien nationaux qu’étrangers. Les matières premières agricoles constituent des actifs stratégiques, et la création d’une bourse spécialisée peut attirer des investisseurs institutionnels, intéressés par des produits financiers liés aux matières premières ; des entreprises agroalimentaires, qui pourront sécuriser leurs approvisionnements via des contrats à terme ; des banques et institutions financières, qui pourront développer de nouveaux produits de financement basés sur les récépissés d’entreposage. Le marché mondial de la logistique d’entreposage est estimé à 549 milliards de dollars en 2025, et la Côte d’Ivoire, avec des besoins évalués à 5 milliards d’euros, pourrait en capter une part significative grâce aux investissements dans les infrastructures de stockage et de commercialisation.


Souveraineté alimentaire et industrialisation


En sélectionnant des produits stratégiques pour le lancement de la BMPA-CI, notamment le maïs, le cajou et la noix de cola, le gouvernement ivoirien veut également répondre à des enjeux de souveraineté alimentaire et d’industrialisation. Le maïs est un produit pour l’alimentation et l’élevage. Une meilleure structuration de ce marché pourrait réduire la dépendance aux importations et favoriser l’émergence d’une industrie locale de transformation agroalimentaire. La noix brute de cajou et la noix de cola sont des produits à forte valeur ajoutée. Une meilleure régulation des prix et une structuration plus efficace du marché pourraient inciter à plus d’investissements dans la transformation locale, générant ainsi plus d’emplois et de revenus pour le pays.

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