L'économiste du Togo

« Business Ready » : Yvon Baliki décrypte la position du Togo

Business Ready (B-Ready) est le nouveau rapport sur l’environnement des affaires qui succède au fameux « Doing Business » de la Banque Mondiale. Cette nouvelle publication donne un aperçu sur le climat des affaires de 50 économies en se basant sur trois piliers: cadre réglementaire, services publics et efficacité opérationnelle. Sur les 15 économies africaines auditées, le Togo a eu un score très honorable au niveau des trois piliers.

Le Gouvernement s’en réjouit. Yvon Baliki, spécialiste en service financier principalement sur la qualité de la réglementation relative aux paiements électroniques et Country Manager de CinetPay Togo a félicité les gouvernants. Néanmoins, il fait quelques propositions pour l’amélioration de certains secteurs.

 L’économiste du Togo : Présentez-vous à nos lecteurs ?

Yvon Baliki : Je suis Yvon Baliki, spécialiste en service financier principalement sur la qualité de la réglementation relative aux paiements électroniques et Country Manager de CinetPay Togo une Fintech Africaine spécialisée dans le développement des solutions de paiement en ligne par mobile money et carte bancaire présente dans 10 pays d’Afrique.

L’économiste du Togo : Le tout nouveau rapport « Business Ready » qui a remplacé « Doing Business » vient d’être rendu public. Le Togo fait partie des 15 pays africains de la cinquantaine de pays évalués à travers le monde. Le Togo occupe le 1er rang en Afrique de l’Ouest et le 3e rang en Afrique subsaharienne. Qu’elle est votre première impression ?

Yvon Baliki : Avant tout propos, il faut rappeler que le classement est basé sur trois piliers clés (Cadre réglementaire, Services publics et l’efficacité opérationnelle) abordant 10 thèmes et s’est fait par économies, régions ou groupes de revenus. La divergence des opinions sur le classement des uns et des autres peut venir des biais d’interprétation des résulats dudit rapport de tout un chacun.

Pour avoir fait une analyse approfondie du rapport B-READY ; le Togo est bel et bien classé 3eme des pays d’Afrique Subsaharienne ayant participé au rapport B-READY avec un score de 64,36/100 derrière le Rwanda (81,31/100) et l’ile maurice (69,79/100). Mais précisons-le ; c’est uniquement sur le pilier 3 de “l’efficacité opérationnel” tout domaines confondus et non sur l’ensemble des trois piliers du rapport.

Selon vous, quels sont les bons points pris par le Togo dans ce rapport que vous avez appréciez particulièrement ?

Le Togo est 2eme (69,03/100) sur le pilier 1 (cadre réglementaire) tous domaines confondus derrière le Rwanda (70,35/100) en Afrique subsaharienne sur l’ensemble des pays ayant participé au rapport. Le cadre règlementaire est un facteur extrêmement important pour moi.

En plus, il faut souligner qu’en Afrique de l’Ouest, parmi les pays ayant participé au rapport (CIV, GHANA, GAMBIE, SIERRA LEONE, TOGO),  le Togo est 1er sur tous les trois piliers tous domaines confondus du rapport B-READY (69,03 ; 49,58 et 64,36 respectivement sur les piliers 1, 2 et 3). Ce qui lui fait donc une note globale de 61 sur l’ensemble des trois piliers. C’est une reconnaissance majeure et je m’en réjouis sincèrement.

Quelles sont les incidences de ses avancées dans votre secteur d’activité ?

Ces avancées ne pourront avoir que des incidences positives sur nos activités à CinetPay surtout que nous sommes principalement dans un business modèle B2B & B2G. A titre d’exemple, le Togo a obtenu les meilleurs résultats dans les domaines de la création d’entreprises, du règlement des différends et de l’emplacement des entreprises.

Cela montre que dans ces domaines, les entreprises étrangères ne sont pas confrontées à des restrictions à l’entrée sur le marché et c’est une bonne chose pour le secteur privé et surtout pour les investisseurs étrangers intéressés par le marché togolais. Les avancées technologiques combinées à la facilité de création d’entreprises ne peuvent être qu’un tremplin pour nous à CinetPay pour faire développer le business au Togo.

Quelle faiblesse révèle le rapport sur le Togo surtout liée à votre domaine d’activité ?

Malheureusement le rapport met en exergue  le fait que le Togo ait obtenu les scores les plus bas dans le domaine des services financiers englobant notre secteur d’activité fintech plus précisément les paiements en ligne avec soit un score de 24,5/50. Ce qui a le plus attiré mon attention et qui m’a le plus attristé c’est le très faible niveau d’utilisation des paiements électroniques en cashin et cashout avec un score de 0,6/20. Mais j’ai fois que nous ferons mieux dans les années à venir.

Quels sont les pistes de solution que vous proposez à l’Etat en vue de faire face à ces points faibles ?

Je profite déjà de l’occasion pour féliciter le travail que le ministère de l’économie numérique et de la transformation digitale effectue au travers de l’Agence Togo Digital et ses partenaires techniques notamment sur la digitalisation des services publics. C’est encore l’occasion pour nous de lancer un appel à l’Etat au renforcement davantage des infrastructures technologiques.

Le manque d’infrastructures fiables pour les paiements électroniques, notamment l’accès à une connexion internet de qualité, constitue une barrière majeure. Aussi, il faudrait mettre en place des programmes de sensibilisation et d’éducation financière puisque beaucoup de Togolais(e)s à priori n’utilisent pas les paiements électroniques par manque de connaissances ou par méfiance.

Définir des stratégies de réduction des coûts et des barrières d’entrée car l’un des freins à l’adoption des paiements électroniques est souvent le coût élevé des transactions ou les frais cachés. L’État pourrait encourager des régulations visant à réduire ces coûts au niveau des telcos, notamment en subventionnant certains types de transactions pour inciter à leur usage.

Pour finir, il pourrait être intéressant de mettre en place des incitations fiscales et partenariats public-privé ou le gouvernement pourrait offrir des incitations fiscales aux commerçants et entreprises qui adoptent les paiements électroniques. En parallèle, les partenariats avec des entreprises privées, notamment les fintechs comme CinetPay, pourraient accélérer l’innovation et la diffusion des services de paiement électronique à travers des solutions accessibles et abordables.

Propos recueillis par Midas Tigossou

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