Le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) organise, du 15 au 16 septembre 2025 à Lomé au Togo, un séminaire de sensibilisation sur la conformité de la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération (LBC/FT/FP) à l’intention des membres du Comité de l’administration et des finances (CAF) de la CEDEAO.
Dans son discours d’ouverture, le représentant du ministre de l’économie et des finances, Anakpa Essokiza, a rappelé que le contexte sécuritaire et économique de la région ouest-africaine demeure marqué par la persistance de la criminalité financière sous diverses formes. Le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme représentent, selon lui, une menace réelle pour la stabilité financière des États membres, fragilisant leurs économies, freinant les investissements et ternissant leur réputation internationale. Il a souligné que la conformité aux normes internationales, notamment celles édictées par le Groupe d’Action Financière (GAFI) et mises en œuvre par le GIABA, est désormais une exigence incontournable. Au-delà d’un simple impératif juridique, elle constitue un gage de crédibilité et de confiance pour les systèmes financiers régionaux. Le représentant du ministre a également insisté sur le caractère stratégique de ce séminaire, qui offre un espace d’échanges et de partage d’expériences, en prélude au troisième cycle d’évaluations mutuelles des dispositifs nationaux de LBC/FT/FP prévu par le GIABA. Il a exhorté les participants à renforcer les mécanismes de coopération et de coordination afin de relever efficacement les défis communs et adopter les meilleures pratiques dans la lutte contre la criminalité financière.
La conformité, vecteur d’attractivité régionale
La conformité aux normes de LBC/FT/FP apparait comme condition préalable à la consolidation de l’intégration économique régionale et à la sécurisation de l’espace financier ouest-africain. Dans un contexte où la criminalité financière compromet la stabilité et dissuade les investisseurs étrangers, les États membres de la CEDEAO ont tout intérêt à harmoniser leurs dispositifs de lutte. L’enjeu dépasse la seule préservation des finances publiques : il touche directement à la compétitivité et à l’attractivité de la région.
Le renforcement des dispositifs nationaux et régionaux de LBC/FT/FP permettrait d’améliorer la notation des États sur les marchés financiers internationaux et de créer un climat de confiance propice à la mobilisation des capitaux privés et publics. L’appel à une « feuille de route claire, ambitieuse et réaliste » traduit ainsi une volonté politique d’ériger la conformité en pilier de la résilience économique et de la croissance durable. La rencontre de Lomé a, entre autres, pour objectifs de renforcer la compréhension stratégique des membres du CAF sur le mandat opérationnel, les réalisations et les besoins financiers du GIABA, particulièrement dans le cadre des contraintes budgétaires qui affectent aujourd’hui les institutions de la CEDEAO ; d’approfondir la sensibilisation face aux menaces de LBC/FT/FP et aux obligations de conformité dans les cadres nationaux, régionaux et internationaux ; de mettre en exergue le rôle essentiel des membres du CAF dans la viabilité financière du GIABA ; de susciter un fort appui en faveur de l’augmentation des ressources au GIABA dans le cycle budgétaire de 2026 et au-delà ; de promouvoir un plaidoyer de haut niveau et un engagement politique en faveur du financement pérenne des programmes d’assistance technique, d’évaluation mutuelle et de renforcement des capacités du GIABA, etc.