Présent à la 55ème session de la Conférence des ministres des finances, du plan et développement économique de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) ce lundi 20 mars 2023 à Addis Abeba en Ethiopie, Dr Edoh Kossi AMENOUNVE, Directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) énumère les conditions remplir pour que les marchés de capitaux africains contribuent réellement à la réalisation des ambitions de l’Afrique.
La 55ème session de la Conférence des ministres des finances, du plan et développement économique de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) est une rencontre de très haut niveau sur le thème de « L’accélération de la reprise et de la transformation de l’Afrique pour réduire les inégalités et les vulnérabilités ».
Selon Dr Edoh Kossi AMENOUNVE, pour que les marchés de capitaux africains contribuent réellement à la réalisation des ambitions de l’Afrique, il faudra premièrement, « améliorer la mobilisation de l’épargne à long terme sur notre continent en adoptant des réformes structurelles pour accroître la collecte de l’épargne par les fonds de pension, les fonds souverains, les compagnies d’assurance-vie et organismes de placement collectif etc. Profiter de la digitalisation pour accéder à l’épargne disponible auprès des particuliers.
Mener une lutte vigoureuse contre la fuite des capitaux » ; deuxièmement « encourager l’actionnariat populaire en ouvrant de façon volontariste le capital des sociétés à participation majoritaire des Etats et des entreprises ayant une forte contribution à la formation du PIB dans nos économies notamment celles du secteur financier qui font appel à l’épargne publique » ; troisièmement, « réformer le marché de la dette publique et privée avec des mécanismes et instruments nouveaux et innovants (adaptés aux PME et au développement durable) et favoriser une meilleure rémunération du risque.
Le rôle et l’indépendance des agences de notation locales doivent ainsi être renforcés » ; et quatrièmement « accélérer l’intégration financière (Union bancaire) et boursière (AELP) réelle de notre continent pour accompagner utilement la ZLECAF.
Le Directeur général de la BRVM a également notifié que : « C’est dans l’optique de mieux prendre en compte les marchés de capitaux dans l’agenda de développement de l’Afrique, qu’il a signé le 21 juillet 2022 à Lusaka, en sa qualité de Président de l’Association des Bourses Africaines (ASEA), un accord de partenariat avec l’Union Africaine ».
Les ambitions de l’Afrique
Le Président de la Conférence des ministres des finances, du plan et développement économique de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Mouhamadou Bamba DIOP a résumé au cours de son intervention, les ambitions du continent africain.
Il s’agit de trouver des sources et des mécanismes innovants de financement pour l’Afrique en renforçant notamment le rôle des marchés de capitaux ; réduire les risques liés aux chaînes d’approvisionnement en stimulant la production manufacturière et agricole ; tirer un meilleur parti de la ZLECAF pour réaliser une intégration économique plus large et plus profonde ; et adopter des politiques qui tiennent compte de l’évolution climatique pour un développement durable.
La question de l’amélioration du financement à long terme est donc au cœur des préoccupations majeures de l’Afrique. Et les bourses africaines sont interpellées pour trouver de véritables solutions dans ce cadre.
Analyse de la situation actuelle
Quelques points saillants sont à retenir de l’analyse de la situation actuelle par la Commission Économique pour l’Afrique des Nations Unies (UNECA). On retiendra entre autres que les crises récentes ont exacerbé les inégalités socio-économiques existantes en Afrique. Ainsi, le continent africain se retrouve être confronté à une série de crises qui se chevauchent et sont récurrentes.
La pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine et le changement climatique ont exacerbé la pauvreté et les inégalités, qui étaient déjà importantes sur le continent. De même, la pauvreté et l’inégalité créent des risques pour l’atteinte des ODD et pour la prospérité, la paix et la sécurité de l’Afrique ainsi que pour le contrat social.
« Il est donc urgent de favoriser un modèle de développement centré sur les populations et d’intégrer la pauvreté et les inégalités dans les stratégies de développement nationales et régionales. » L’Afrique représente la plus forte proportion des pauvres du monde, 54,8 % en 2022 (dépasse l’Asie du Sud – 37,6 %).
546 millions de personnes vivaient dans la pauvreté en 2022, soit une augmentation de 74 % depuis 1990. 149 millions d’Africains non pauvres (dont la consommation était supérieure de 20 % au seuil de pauvreté) risquaient de tomber dans la pauvreté en 2022.
L’Est et l’Ouest du continent représentent un nombre élevé de personnes non pauvres qui risquent de tomber dans la pauvreté en 2022 (48 et 52 millions, respectivement).
Les principales recommandations
La 55ème session de la Conférence des ministres des finances, du plan et développement économique de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) recommande de poursuivre des politiques macroéconomiques en faveur des pauvres et inclusives, avec des dépenses ciblées sur les filets de sécurité pour soutenir les pauvres et les plus vulnérables ; d’assurer la mobilisation des ressources pour une reprise inclusive, y compris par le biais d’impôts équitables et en tirant parti du financement climatique pour créer des emplois décents ; d’élaborer une voie de développement structurel qui est juste et qui répond aux besoins des populations, l’industrialisation et l’AfCFTA pouvant agir comme catalyseurs ; de faire avancer les réformes pour une architecture financière mondiale plus juste et inclusive ; de réviser le cadre commun du G20 et améliorer le cadre réglementaire de la dette.
Aussi, il est proposé de réformer le mécanisme de recanalisation des DTS afin de promouvoir une plus grande utilisation et de faire en sorte que les allocations de DTS soient considérées de manière analytique ; favoriser le financement à coût faible et à long terme pour le développement ; renforcer la flexibilité des critères d’éligibilité et de qualification de la résilience ; mettre en place un Sustainability Trust qui devra jouer un rôle de catalyseur dans le financement vert et d’actualiser la boîte à outils du FMI en réponse à des chocs de plus en plus fréquents ; d’améliorer le cadre réglementaire des agences de notation de crédit et utiliser des instruments de réduction des risques pour améliorer l’accès au marché de capitaux.