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Fitch confirme la note « B- » de Ecobank

L’agence Fitch Ratings a confirmé la notation de long terme « B- » d’Ecobank Transnational Incorporated (ETI) avec une perspective stable, reflétant à la fois sa solvabilité autonome et les vulnérabilités liées à son exposition aux devises et aux risques souverains en Afrique subsaharienne.

ETI reste l’un des plus grands groupes bancaires du continent en dehors de l’Afrique du Sud, avec des présences dans 33 pays et des actifs atteignant 26,6 milliards dollars à fin septembre 2024. Son modèle de diversification géographique lui confère une certaine résilience face aux difficultés économiques régionales, notamment en période de volatilité des devises et d’instabilité macroéconomique et attenue les risques souverains.

Le groupe bénéficie d’une qualité d’actifs acceptable, une rentabilité opérationnelle saine et un profil de financement et de liquidité raisonnable avec des remboursements de dette gérables d’après Fitch. La diversification de ses revenus constitue un atout majeur, avec 44 % des produits d’exploitation provenant de sources non liées aux intérêts, un facteur qui renforce sa stabilité financière face aux cycles de taux d’intérêt.

Risques de change et exposition souveraine

Malgré ces points forts, ETI demeure exposé aux risques liés à la viabilité de la dette souveraine en Afrique subsaharienne, dont au Nigeria (B-/Positif) et au Ghana (RD), qui sont deux des plus grands marchés du groupe (fin 2023 : 26% combinés du total des actifs).

En outre, le groupe est exposé à la dépréciation des monnaies en Afrique de l’Ouest par le biais de ses participations dans des filiales, car sa monnaie de référence est le dollar américain. La dépréciation des devises africaines, notamment le naira nigérian et le cedi ghanéen, a entraîné des pertes de conversion importantes en 2023 et au cours des neuf premiers mois de 2024. Ces pertes ont dépassé les bénéfices nets, se traduisant par une perte globale combinée de 265 millions dollars sur la période.

Par ailleurs, l’exposition à la dette souveraine nuit à la qualité des actifs du groupe. Le ratio de prêts dépréciés (prêts de catégorie 3 sous IFRS 9) a augmenté à 6,6 % à fin septembre 2024, contre 5,4 % fin 2023. La couverture des provisions spécifiques pour pertes sur prêts dépréciés était de 60 % à la fin du troisième trimestre de 2014. Cette détérioration est notamment attribuable aux difficultés de solvabilité des États africains, dont le Ghana, qui a fait défaut sur sa dette en 2023.

Une rentabilité en amélioration mais des marges de capitalisation modestes

Sur le plan de la performance, ETI a enregistré une amélioration de sa rentabilité avec un résultat d’exploitation représentant 4,9 % des actifs pondérés par les risques (contre 4,2 % en 2023). Cette progression s’explique par des charges de dépréciation plus faibles et une marge d’intérêt nette plus importante bénéficiant de taux d’intérêt plus élevés. Fitch dit s’attendre à ce que le rendement opérationnel des actifs pondérés en fonction des risques reste sain en 2025.

Toutefois, la capitalisation du groupe reste fragile. Le ratio de fonds propres de base (CET1) a reculé à 9,7 % à fin septembre 2024, contre 10,4 % à fin 2023. Bien que toujours au-dessus du minimum réglementaire de 8,5 %, cette marge réduite expose ETI à des risques supplémentaires en cas de nouvelles pertes de change.

Perspectives et risques futurs

L’un des principaux défis à court terme pour ETI concerne la gestion de sa dette. L’émission d’un eurobond de 400 millions de dollars en octobre 2024 a réduit les risques de refinancement associés à l’important montant de la dette de la BHC arrivant à échéance en 2025. Toutefois, des tensions pourraient apparaître si la filiale nigériane du groupe ne parvient pas à restaurer sa conformité en capital avant fin septembre 2025, ce qui pourrait déclencher une éventuelle anticipation du remboursement de son eurobond échéant en février 2026.

Un abaissement de la notation d’ETI pourrait survenir en cas de nouvelles pertes de conversion monétaire affectant sa solvabilité réglementaire, d’une dégradation des notations souveraines dans ses marchés clés, ou encore d’une augmentation du levier financier.

Inversement, une amélioration de sa notation serait envisageable si ETI parvenait à réduire son levier financier en deçà de 120 % et à renforcer sa capitalisation, notamment par une baisse des risques structurels liés aux changes.

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