Le Togo renforce son engagement dans la lutte contre les changements climatiques à travers une démarche pionnière en Afrique francophone, la budgétisation verte.
Après un premier document annexé à la loi de finances 2024, le Togo organise une nouvelle phase de réflexion pour améliorer sa méthodologie. Sur financement du programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), cet atelier de réflexion se tient à Lomé du lundi 2 au samedi 7 juin 2025. L’objectif est de mieux intégrer les enjeux climatiques et environnementaux dans l’élaboration des budgets publics. Le processus de budgétisation verte a été lancé en 2022 au Togo, avec l’appui du ministère de l’Économie et des Finances.
« En 2023, nous avons élaboré notre premier document de budget vert pour l’exercice 2024. Il a été annexé au projet de loi de finances, une première dans l’espace francophone africain », explique Sédjidé Akouvi Valérie Kouhoue, inspecteur central du Trésor et point focal national de la budgétisation verte. En l’absence de modèle africain de référence, les concepteurs togolais se sont appuyés sur des outils internationaux, notamment le budget vert de la France et les marqueurs de Rio. Cela a donné lieu à une méthodologie à forte empreinte nationale.

« C’est pourquoi, après la première version, nous avons organisé une revue qualité, pour confronter notre approche à celles utilisées ailleurs dans le monde, et en particulier en France », souligne-t-elle.
Processus progressif et évolutif
Cette démarche est appelée à s’améliorer d’année en année. Pour le budget 2025, un nouvel atelier de réflexion est en cours afin de revoir les outils d’analyse des dépenses dites “sensibles au climat et à l’environnement”.
D’après Mme Kouhoue, concrètement, il s’agit d’évaluer comment une dépense publique, un projet, un programme ou une activité, contribue positivement ou négativement au climat et à l’environnement. « Nous allons réévaluer les outils que nous utilisons, revoir notre grille d’analyse et explorer comment intégrer aussi les recettes dans cette approche.

Le budget vert ne se limite pas aux dépenses ; il s’intéresse à tous les efforts financiers de l’État en faveur du climat et de la protection de l’environnement », ajoute Sédjidé Akouvi Valérie Kouhoue. Le budget vert permet ainsi de quantifier les investissements publics dédiés à la lutte contre les changements climatiques, à la biodiversité, à la gestion des ressources en eau, à la lutte contre la pollution ou encore à la gestion des déchets.
Vers une appropriation sectorielle de la démarche
Au-delà du ministère de l’Économie, les ministères sectoriels sont également impliqués dans cette dynamique. Le ministère de l’Économie maritime et de la Protection côtière en est un exemple concret. Pour Dikagma Koutema, chef division Protection côtière et Environnement marin, le défi est d’harmoniser les activités de toutes les directions du ministère afin qu’elles soient alignées avec les objectifs climatiques.
« Il faut que toutes les activités prévues pour 2025 et les années à venir prennent en compte les impératifs environnementaux. Cela signifie réduire les impacts négatifs des projets sur l’environnement, mais aussi maximiser les effets positifs sur la résilience climatique », affirme-t-il.

Selon M. Koutema, cette approche aura un impact direct sur les conditions de vie des populations, en particulier dans les régions vulnérables comme les zones côtières, souvent exposées aux inondations. « En protégeant l’environnement, on protège les communautés. Le bénéfice est collectif », insiste-t-il.
A travers cette initiative, le Togo montre sa volonté d’inscrire la question climatique au cœur de la gouvernance publique. Le budget vert devient un outil de pilotage pour orienter les politiques publiques vers la durabilité. Il répond également à une exigence de transparence, qui est de rendre visible l’effort réel de l’État face aux défis climatiques.