La direction générale du Trésor français a dévoilé le 9 décembre passé les actualités économiques du Nigéria et du Ghana.
Le lundi 2 décembre, le Nigéria a levé avec succès 2,2 Md USD via l’émission d’euro-obligations (« eurobonds ») sur les marchés internationaux. Cette opération se décompose en deux tranches : 700 M USD avec une maturité de 6,5 ans (2031) assortie d’un coupon de 9,625 %, et 1,5 Md USD avec une maturité de 10 ans (2034) et un coupon de 10,375 %.
Selon Patience Oniha, directrice générale du Bureau de gestion de la dette (DMO), le carnet d’ordres total a atteint environ 9 Md USD, soit une sursouscription de plus de 400 %. Le Nigéria a attiré un large panel d’investisseurs venant du Royaume-Uni, d’Amérique du Nord, d’Europe, d’Asie, du Moyen-Orient, ainsi que du Nigéria. Le produit de cette émission devrait notamment servir à financer le déficit budgétaire de 2024.
« Le succès de l’émission d’aujourd’hui témoigne d’une confiance croissante dans les efforts déployés par l’administration du Président Bola Tinubu pour stabiliser l’économie nigériane et la placer sur la voie d’une croissance durable et inclusive. Le large éventail d’investisseurs désireux d’investir dans nos eurobonds est encourageant, car nous continuons à diversifier nos sources de financement et à approfondir notre engagement sur les marchés de capitaux internationaux. »
En 2024, le Nigéria devient ainsi le septième pays d’Afrique subsaharienne à émettre des euro-obligations au cours de l’année, rejoignant l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Kenya, et les placements privés réalisés par le Sénégal et le Cameroun. Bien que les coupons nigérians soient nettement plus élevés que ceux de ses voisins d’Afrique de l’Ouest – la Côte d’Ivoire a levé en janvier 2,6 Md USD pour des échéances de 9 et 13 ans à 6,30 % et 6,85 % respectivement – la sursouscription peut refléter une confiance croissante des investisseurs dans les réformes économiques du Nigéria.
Si l’émission n’a pas surpris les marchés, son calendrier avait été repoussé. Initialement attendue avant juin, le gouvernement avait finalement opté pour l’émission de 500 M USD d’obligations en devises sur le marché local, appelées « diaspora bonds ».
La demande pour les eurobonds nigérians s’est maintenue au long de la semaine. Mercredi, les rendements sur le marché secondaire étaient inférieurs à leurs coupons respectifs : 9,49 % pour l’échéance de juin 2031 et 10,21 % pour celle de décembre 2034. Plusieurs banques d’investissement ont en partie expliqué l’optimisme des marchés par les déclarations récentes du gouverneur de la Fed, Christopher Waller, en faveur d’une nouvelle réduction de 25 points de base du taux directeur américain d’ici la fin de l’année. La bénédiction de la Banque mondiale et du FMI a aussi pu jouer un rôle.

Après près de trois ans d’absence sur les marchés internationaux, le Nigéria émet avec succès 2,2 Md USD d’eurobonds-visuel
Le déficit public devrait s’établir à 13 100 Md NGN (8,2 Md USD) en 2025, soit 3,9 % du PIB. Celui-ci devrait être entièrement financé par des prêts bilatéraux et multilatéraux liés à des projets (27,1 %), des privatisations (2,4 %) et de nouveaux emprunts domestiques (56,4 %) et internationaux (14,1 %).
Les hypothèses macroéconomiques du MTEF-FSP 2025-2027 incluent un prix du pétrole relativement stable sur les trois prochaines années à 75 USD le baril en 2025, 76 USD en 2026 et 75 USD en 2027. D’après le document budgétaire, la production quotidienne de pétrole devrait s’élever à 2,1 mbpj en 2025 (contre 1,3 mbpj aujourd’hui), puis augmenter les années suivantes pour atteindre 2,4 mbpj en 2027. Un taux de change de 1 400 NGN pour 1 USD a été retenu, malgré un taux de marché actuel d’environ 1 600 NGN pour 1 USD.
Le taux de croissance du PIB prévu pour 2025 est enfin de 4,6 %, bien au-delà des prévisions de la Banque mondiale (3,5 %) et du FMI (3,2 %).Depuis l’arrivée au pouvoir du Président Tinubu en mai 2023, le gouvernement a engagé des réformes pour accroître l’attractivité du secteur énergétique. Ces mesures incluent des allègements fiscaux et une simplification des processus réglementaires. Des efforts supplémentaires sont toutefois attendus par les acteurs du secteur, notamment pour encourager les investissements dans les projets en eaux profondes.
L’engagement de TotalEnergies contribue aux ambitions du gouvernement nigérian de mobiliser 10 Md USD pour des projets d’exploration gazière en eaux profondes, afin de stimuler la production nationale d’hydrocarbures et de positionner le pays comme un acteur compétitif sur le marché mondial de l’énergie.
Ghana
Le conseil d’administration du FMI a officiellement validé le 2 décembre la troisième revue du programme du Ghana de 3 Md USD conclu en mai 2023, permettant un versement de 360 M USD au gouvernement et portant le total des décaissements à 1,9 Md USD depuis mai 2023. Une facilité de 300 M USD de la Banque mondiale est également en attente de décaissement.
Le cadre macroéconomique est désormais relativement stabilisé avec une croissance économique au premier semestre 2024 ayant dépassé les attentes et des positions budgétaire et extérieure du pays nettement améliorées, soutenues notamment par les exportations.
La croissance 2024 devrait ainsi avoisiner les 4 %. La monnaie nationale s’est pourtant dépréciée de 19,3 % depuis le début de l’année malgré un ressaut du cédi en novembre 2024 face au dollar américain. L’inflation reste toujours élevée, mesurée à 23% en novembre 2024, un plus haut depuis six mois, attribuée à la forte augmentation de l’inflation alimentaire (25,9 % en novembre 2024).
La cible de 18 % pour 2024 semble difficilement atteignable. Le FMI recommande ainsi à la Banque du Ghana de maintenir sa politique de resserrement monétaire stricte, en prenant exemple sur le maintien de son taux directeur à 27,00 % en novembre 2024.
Les résultats obtenus par le Ghana sont jugés globalement satisfaisants par le FMI, en dépit de retards dans les réformes structurelles dans les secteurs de l’énergie et du cacao.
Le Ghana enregistre un excédent commercial de 3,9 Md GHS (260 M USD) au T3 2024
Le Ghana a enregistré un excédent commercial de 3,9 Md GHS (260 M USD) au T3 2024, une amélioration par rapport à un déficit commercial de 2,3 Md GHS sur la même période en 2023. L’or consolide sa position de principal produit exporté, représentant 62,1 % des exportations totales au T3 2024 (contre 42,5 % l’année dernière). Celui-ci est exporté à destination des Emirats arabes unis, de la Suisse, de l’Afrique du Sud et de l’Inde. Le pétrole brut arrive en deuxième position des produits exportés par le Ghana (15,5 %) suivi du cacao (2,7 %), du manganèse (2,0 %) et du thon (1,0 %).
Concernant les importations ghanéennes, les principaux produits sont les combustibles minéraux et les huiles (23,3 %), principalement en provenance du Royaume-Uni et des Emirats arabes unis, suivis par les machines et matériel électrique (16,3 %). La Chine est le premier pays d’origine des importations ghanéennes, représentant 24,0 % des produits.