Le Directeur Général de la BRVM, Dr Edoh Kossi AMENOUNVE, a eu l’honneur de délivrer, un keynote speech à l’occasion de la première journée de la deuxième édition du West Africa Sustainable Finance and Investment Forum (WASFIF 2025), sur le thème : « La finance durable en Afrique, quels leviers pour l’accélération du développement de notre Continent ? »
Le West Africa Sustainable Finance and Investment Forum (WASFIF 2025) se tient les 30 et 31 octobre 2025 à Dakar au Sénégal. Au cours de son intervention, Dr Edoh Kossi AMENOUNVE a appelé à une mobilisation accrue des ressources locales et à une transformation structurelle de la gestion d’actifs pour garantir la souveraineté économique de l’Afrique. Il a dressé un constat sans équivoque : « L’Afrique ne peut plus dépendre éternellement des financements extérieurs pour assurer sa croissance ». Face à une multiplication par quatre des besoins de financement du continent au cours des vingt-cinq dernières années — estimés à 1 637 milliards de dollars américains en 2025 — et à une baisse de 4,8 % de l’aide publique au développement depuis 2020, la question de la mobilisation de ressources internes devient urgente. Le Directeur Général de la BRVM a déploré la faible part de l’Afrique dans les flux mondiaux d’investissements directs étrangers, qui ne dépassent pas 2 % en moyenne depuis deux décennies. Pour lui, la réponse réside dans une orientation stratégique vers la finance durable, outil majeur pour soutenir une croissance inclusive et résiliente. Déclinant une vision claire, Dr AMENOUNVE a présenté six piliers essentiels pour l’essor de la finance durable en Afrique. Il s’agit de développer la finance sociale, en mettant l’accent sur l’égalité de genre et la jeunesse ; renforcer la finance inclusive, pour garantir l’accès du plus grand nombre aux services financiers ; adapter le cadre réglementaire, afin de favoriser une meilleure implication des investisseurs institutionnels ; améliorer la transparence et le reporting, pour renforcer la confiance et l’attractivité du marché ; créer une catégorie d’investisseurs d’impact, dédiés à des projets porteurs de transformation sociale et environnementale ; mobiliser l’épargne locale, à travers des produits financiers innovants et accessibles. Au cœur de cette stratégie, il a souligné la nécessité de développer la gestion d’actifs (Asset Management) sur le continent. Celle-ci doit devenir, selon lui, un moteur central de financement à long terme, capable de capter l’épargne domestique et de la canaliser vers des investissements structurants. S’inspirant des modèles internationaux, il a cité des acteurs majeurs tels que BlackRock (13 500 milliards USD sous gestion), la CDPQ au Canada (354,72 milliards USD) et LGIM au Royaume-Uni (1 315,7 milliards USD), dont les activités soutiennent la souveraineté économique de leurs pays.
Souveraineté financière africaine fondée sur la durabilité
Pour Dr AMENOUNVE, la finance durable ne se limite pas à une tendance ou à un discours de principe : elle constitue un instrument stratégique de souveraineté. En plaçant la durabilité au cœur des politiques économiques, les pays africains peuvent simultanément répondre aux enjeux climatiques, sociaux et économiques tout en renforçant leur indépendance financière. L’une des clés de cette transformation repose sur la finance digitale, dont les innovations redéfinissent déjà les circuits monétaires mondiaux. L’orateur a rappelé que la capitalisation du Bitcoin atteint 2 144 milliards USD, celle des Stablecoins 311 milliards USD, et que la monnaie numérique, sous toutes ses formes (électronique, virtuelle, digitale), connaît une progression fulgurante. Selon lui, ces mutations doivent inspirer les décideurs africains à moderniser leurs instruments financiers, en développant des solutions régionales adaptées à la réalité du continent. Dr Amenounvé a ainsi exhorté les États, les régulateurs, les banques et les marchés financiers à créer des écosystèmes de financement durables, capables de canaliser l’épargne locale vers les besoins prioritaires : infrastructures, éducation, santé, inclusion financière, et transition énergétique. Ce changement de paradigme permettra, à terme, de bâtir « une Afrique pacifiée, inclusive, dotée d’infrastructures idoines et capable de financer elle-même sa croissance à l’horizon 2050 », a-t-il affirmé.
Le WASFIF, un forum pour l’avenir financier du continent
Le West Africa Sustainable Finance and Investment Forum (WASFIF), organisé les 30 et 31 octobre 2025 à Dakar, constitue un cadre régional majeur dédié à la promotion des investissements durables en Afrique de l’Ouest. Pour sa deuxième édition, le forum a réuni des dirigeants d’institutions financières, des décideurs publics, des investisseurs, ainsi que des représentants du secteur privé et des organisations internationales, autour du thème : « La finance durable en Afrique, quels leviers pour l’accélération du développement de notre continent ? » Cette plateforme d’échanges vise à stimuler la coopération régionale autour de la finance verte, de la finance inclusive et des innovations financières susceptibles de soutenir la transition économique et environnementale du continent. La participation du Directeur Général de la BRVM à cet événement illustre la volonté de la Bourse régionale, acteur central de l’intégration financière dans l’UEMOA, de promouvoir une finance africaine responsable, innovante et tournée vers l’avenir. L’intervention du Dr AMENOUNVE au WASFIF 2025 réaffirme une conviction profonde : la transformation durable de l’Afrique passe par sa capacité à inventer ses propres modèles financiers, à valoriser son capital humain et à canaliser ses ressources internes au service d’un développement endogène et durable.
