Le gouvernement malien et la Banque africaine de développement (BAD) ont convenu de donner un coup d’accélérateur aux projets en cours destinés à réduire la pauvreté dans le pays. C’est sur cette volonté partagée que s’est achevée une mission de dialogue de haut niveau du Groupe de la Banque, le 16 septembre 2022.
Pendant une semaine, les membres de la délégation de la Banque et du gouvernement malien ont passé en revue la performance de l’ensemble du portefeuille actif de projets et programmes que la Banque finance au Mali.
Puis un atelier de restitution a été élargi à d’autres parties prenantes (société civile, partenaires au développement, secteur privé) pour mieux poursuivre les discussions.
« Le taux d’instruments de financement en alerte rouge est de 83,8 %, celui de décaissement du portefeuille se situe à 36,6 %, pour un âge moyen des projets de 5,53 ans. Il s’agit donc d’un portefeuille vieillissant et qui a besoin d’être assaini », a déclaré le chef de la mission, le directeur général adjoint de la Banque pour l’Afrique de l’Ouest, Joseph Martial Ribeiro. La pandémie de Covid-19 et la crise multiforme à laquelle le Mali fait face (sécuritaire, sociale et politique), sont au nombre des facteurs qui ont entravé la mise en œuvre des projets de la Banque au Mali en 2022.
Pour y remédier, la mission préconise des réformes audacieuses, qui visent notamment à accélérer les processus de passation des marchés et l’indemnisation des personnes affectées par les projets. « Nous devons agir avec fermeté et diligence pour vite redresser la performance du portefeuille », a déclaré le directeur général adjoint de la Banque pour l’Afrique de l’Ouest.
« Je note avec satisfaction qu’à l’issue des travaux, un diagnostic complet a été fait, qui identifie et analyse les contraintes et les difficultés majeures qui plombent la performance du portefeuille de la Banque au Mali », a déclaré le ministre malien de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, également gouverneur à la Banque africaine de développement pour le Mali. « Il est plus que nécessaire que chacune des parties prenne des dispositions pratiques et adaptées pour une bonne mise en œuvre des recommandations proposées.
Cela nous permettra (…) d’assainir autant que possible le portefeuille afin d’atteindre les objectifs de développement au bénéfice de nos populations », a ajouté le ministre. Alousséni Sanou a d’ailleurs annoncé que la cellule de suivi des unités de gestion des projets et programmes allait être renforcée, outre les procédures, afin d’assurer l’implication effective et personnelle de tous les acteurs.
Avec cet objectif : réduire le taux d’instruments de financement épinglés à moins de 45 % dans les 6 mois à venir. « Le niveau d’engagement du Groupe de la Banque africaine de développement, tant pour le volume de son portefeuille que pour le caractère stratégique de ses secteurs d’intervention, illustre bien la solidité des liens de partenariat entre le Mali et le Groupe de la Banque depuis plus de quatre décennies », a déclaré le responsable pays du Groupe de la Banque africaine de développement pour le Mali, Adalbert Nshimyumuremyi. Depuis 1975, début des opérations de la Banque au Mali, 112 opérations ont été approuvées en faveur du Mali, qui ont nécessité 1,83 milliard d’euros d’investissements. À la fin août 2022, le portefeuille actif du Groupe de la Banque africaine de développement au Mali comptait 21 opérations pour un montant de 640 millions d’euros. Les projets couvrent les transports (39 %), l’agriculture (19 %), l’énergie (13 %), l’eau et l’assainissement (11 %), la finance (7 %), la gouvernance (6 %), le social (5 %).