Au terme du premier trimestre de l’année 2024, la microfinance dans l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) témoigne d’une dynamique continue, comme le souligne le rapport de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Cependant, cette vitalité s’accompagne de défis persistants, notamment la gestion du risque de crédit.
Expansion et Service à la Clientèle
Avec 536 Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) répartis dans les États membres, la microfinance de l’UMOA a pu étendre ses services à 18 446 312 clients desservis par 4 962 points de service, contre 18 097 468 clients pour 4 778 points de service à fin 2023. Cette croissance est plus marquée comparativement à l’année précédente où le nombre de clients s’élevait à 16 906 460 pour 4 616 points de services.
Interactions Financières
Bien que l’octroi de crédit ait connu un léger recul par rapport au trimestre précédent, les activités de microfinance ont continué leur progression, notamment dans l’ouverture de comptes et la collecte des dépôts. L’encours des crédits octroyés a enregistré une légère baisse de trimestrielle de 2,8% estimée à 72,6 milliards FCFA, pour s’établir à 2 515,4 milliards FCFA, mais une augmentation significative de 15,9% sur une base annuelle, avec des variations selon les pays membres.
Il faut noter que le repli trimestriel de l’encours des crédits a été constaté dans tous les pays de l’Union, sauf le Sénégal (+7,9 milliards FCFA, +1,1%). Cette baissé généralisée s’explique par la baisse de consommation des populations après les dépenses relatives aux fêtes de fin d’année.
Répartition des crédits octroyés
La répartition par genre démontre que les hommes ont bénéficiés de 49,5% des crédits octroyés, tandis que les femmes et des groupements ont reçu 24,1% et 26,4% respectivement.
En terme de structure, les prêts à court terme sont prépondérants avec une part de 51,9% du total octroyé, tandis que les prêts à moyen et long termes représentent respectivement 29,6% et 18,5% du total de l’encours des crédits à fin mars 2024. De plus, le montant moyen de crédits octroyés par client a baissé de 4% comparé au trimestre précédent, s’établissant à 136 365 FCFA.
Croissance des dépôts et profil de l’épargnant
Les dépôts collectés par les SFD ont connu une augmentation notable de 64,5 milliards FCFA atteignant un total de 2 356,4 milliards FCFA, ce qui représente une croissance de 2,8% par rapport au trimestre précédent et une hausse de 16,4% sur une base annuelle. Les dépôts à vue ressortent majoritaires, représentant 55% des dépôts, tandis que les dépôts à termes et autres dépôts équivalent respectivement 23,7% et 21,3%.
Concernant la répartition entre les différentes catégories de clients, les hommes représentent 45,9%, les femmes 25,6% et les groupements 28,5%. Par ailleurs, le montant moyen de crédits octroyés par client a évolué de 1,6% comparé au trimestre précédent (125 092 FCFA) et de 6,7% comparé à fin mars 2023, atteignant ainsi 127 746 FCFA.
Qualité du Portefeuille
Une dégradation notable est observée dans la qualité du portefeuille de crédits, résultant de l’effet conjoint d’une diminution de 2,8% (72,6 milliards FCFA) des crédits et d’une croissance de 19,1% (30,6 milliards FCFA) des créances en souffrance. Ainsi, le taux de créances en souffrance s’élevant à 7,6% contre 6,2% à fin 2023, demeure au-dessus de la norme maximale fixé à 3%, ce qui souligne l’importance de poursuivre les efforts de gestion des risques.
Défis à Surmonter
Malgré cette tendance positive, neuf institutions de microfinance se trouvent sous administration provisoire à fin décembre 2023. La maîtrise du risque de crédit reste donc un défi majeur pour garantir la stabilité et la croissance continues du secteur.
En conclusion, la microfinance dans l’UMOA affiche une dynamique encourageante, mais la vigilance et des efforts continus en matière de gestion de risque de crédit sont nécessaires pour relever les défis actuels et consolider les acquis pour un développement financier inclusif et durable dans la région.
Madis Invest