L'économiste du Togo

2022, Inflation, vie chère: décryptage d’un acteur de la société civile

 

La double augmentation des prix des carburants et du gaz associée aux conséquences indirectes de la guerre ukraino-russe constituent le point d’orgue de la crise sociale au Togo. Malgré les initiatives du gouvernement pour soutenir les consommateurs en encadrant les prix, le panier de la ménagère peine à se remplir. Emmanuel Sogadji, président de la Ligue des Consommateurs du Togo (LCT) fait sa lecture de la situation au Togo en 2022 sur le plan social.

« Les grands événements sociaux qui ont marqué l’année 2022, les plus douloureux sont les augmentations des prix des produits de premières nécessités dues à la guerre en Ukraine, ensuite par une volonté de surenchère organisée par la plupart des opérateurs économiques dans chaque secteur.  Elles sont dues également à l’absence d’un contrôle rigoureux sur le marché à l’époque. »

« Après que le gouvernement ait décidé certaines mesures telles que la subvention des produits de premier choix, c’est à dire la farine du blé, du sucre et autres, certaines sociétés n’ont pas voulu faire répercuter les conséquences de ces subventions sur les produits. Celà constitue également l’une des causes de la surenchère. »

Par ailleurs, le chef de l’Etat a décidé de l’augmentation de la subvention de l’engrais de 6 milliards de F CFA pour la porter à 7,5 milliards de F CFA afin de permettre de stabiliser les prix tout au long de la campagne 2021-2022 au profit des agriculteurs ; la dotation additionnelle de la subvention au profit des produits pétroliers de 30 milliards de FCFA, pour la porter à 37,8 milliards de F CFA.

Le président de la LCT « a constaté également que le prix du sac de la farine du blé est passé de 18 000 FCFA à 35 000, il en est de même pour l’huile végétale qui était à 15000 FCFA mais se vendait entre 20 et 35 000. 

29 mars et 10 mai, augmentation des prix du carburant 

« L’augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe, un produit essentiel dans la chaîne économique ce qui a pour conséquence l’augmentation du prix du transport. Tout ce qui s’en suit va augmenter également et donc ça constitue vraiment un phénomène déclencheur de la vie chère de la période », souligne notre interlocuteur. 

Dans la foulée, le Président Faure Gnassingbé décide également de la revalorisation additionnelle de 5% de la pension de retraite pour tous les retraités du secteur public, civil et militaire et du secteur privé ; indemnité mensuelle de transport de 10 000 FCFA à titre exceptionnel pour chaque fonctionnaire de l’Etat  (payable hors bulletin); gratification du reliquat de l’avance sur salaire consenti en janvier 2022 aux fonctionnaires et retraités sur les huit mois restant à rembourser, soit 7,1 milliards de FCFA ; gratification spéciale de 3 milliards FCFA par transfert monétaire directe au profit des parents d’élèves pour l’achat de fournitures scolaires ; subvention de 2,5 milliards de F CFA pour l’acquisition de manuels d’écriture et de lecture pour les élèves de l’enseignement primaire.

Emmanuel Sogadji, président de la Ligue des Consommateurs du Togo (LCT) constate que « après que le gouvernement ait pris dix mesures pour atténuer la crise et un décret pour l’annulation de la perception des taxes dans les marchés sur une période de six mois ce qui a été reconduit, la revalorisation de la valeur indiciaire à hauteur de 10% pour toutes les catégories, pour ne citer que ces quelques exemples, on devait commencer à enregistrer un soulagement. Malheureusement cette situation n’a pas perduré parce que les augmentations de la valeur indiciaire du salaire des fonctionnaires n’ont pas avantagé les catégories inférieures. Les catégories supérieures ont vue leur salaire amélioré par rapport aux catégories inférieures alors que c’est les catégories inférieures qui souffrent beaucoup plus donc cela a été lieu à une injustice que la LCT a eu à dénoncer au cours de l’année. » 

Le président de la Ligue des Consommateurs Togolais félicite et dénonce

 « Il faut noter également l’allégement au niveau des institutions de microfinance tel que le projet du Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) par contre nous avons constaté que les microfinances adoptent toujours leur système de recouvrement c’est à dire la stratégie d’intimidation. 

 En toute réalité l’année 2022 qui s’achève dans quelques jours a été une année très compliquée pour l’ensemble des consommateurs due à la guerre Ukrainienne, aux conséquences de la COVID-19 et puis la volonté de certains opérateurs économiques de spéculer sur des prix de certains produits. On peut également citer l’augmentation des prix des produits pétroliers décidée par le gouvernement.

 Pour finir nous disons que la crise sanitaire COVID-19, la crise entre l’Ukraine et la Russie et l’incohérence de certaines politiques n’ont pas permis aux consommateurs de se soulager. Les efforts du gouvernement sont à reconnaître, mais les efforts n’ont pas été à la hauteur des attentes des consommateurs, ils attendent plus que ça parce que les besoins sont énormes à leur niveau. »

Une dizaine de mesures ont été prises en liaison avec l’axe 1 de la feuille de route gouvernementale Togo 2025 : renforcer l’inclusion et l’harmonie sociale et consolider la paix. Parmi les mesures phares annoncées, on peut citer : l’augmentation de 10% de la valeur indiciaire des salaires et des pensions de retraite pour les fonctionnaires civiles et militaires et les retraités du secteur public, soit un montant annuel de 22,5 milliards de FCFA.

Enfin, il y a la dotation additionnelle de la subvention aux gaz domestique de 7,7 milliards de FCFA, pour la porter à 9,3 milliards de FCFA ; la poursuite de l’application des mesures fiscales prises en faveur du secteur privé dans le cadre de l’Etat d’urgence sanitaire. 

« J’ai instruit le gouvernement à veiller à l’accélération et à l’aboutissement rapide des discussions avec les partenaires sociaux et le secteur privé en vue de la revalorisation du Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig). J’exhorte nos concitoyennes et concitoyens à plus d’ardeur au travail, à la solidarité et au renforcement de la cohésion sociale par ces temps de crise afin de relever ensemble le défi du développement inclusif de notre pays », a écrit Faure Gnassingbé ».

Le dialogue social va se rénover et s’adapter aux évolutions du monde du travail, afin d’améliorer les relations entre employeurs et employés. Une feuille de route a été adoptée.

Le document, paraphé par toutes les parties prenantes, prend en compte les réformes institutionnelles, la rénovation de la législation et le renforcement des capacités des acteurs. Concrètement, il s’agira désormais de créer les conditions d’une paix sociale durable, pour soutenir la productivité des entreprises et des administrations publiques, et consolider ainsi les progrès sociaux obtenus ces dernières années.

Le budget 2023 qui a été voté le 22 décembre dernier est axé sur le social et le développement.

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