À l’ouverture du 9ᵉ Congrès Panafricain de Lomé, ce lundi 8 décembre 2025, le Président du Conseil du Togo, SEM Faure Essozimna Gnassingbé, a livré un discours articulé autour de cinq observations majeures, son intervention esquisse la vision d’une Afrique unie, souveraine et maître de son destin, dans un monde marqué par les transitions géopolitiques, économiques et technologiques.
En ouvrant la cérémonie, le Président du Conseil a redéfini l’ambition panafricaine : un projet politique et civilisationnel tourné vers l’efficacité. « Le panafricanisme que nous appelons ici, c’est un panafricanisme pragmatique et exigeant », a-t-il déclaré, rejetant toute vision idéalisée ou passive. Selon lui, l’Afrique doit désormais construire une unité fondée sur la coopération des peuples, la circulation des savoirs, l’intégration des marchés et la consolidation des cultures. Dans un contexte mondial fragmenté, il prévient : une Afrique dispersée reste vulnérable ; une Afrique rassemblée devient un acteur incontournable.
Pour une réforme réelle et urgente du multilatéralisme
Le Président togolais a exprimé, avec force, l’injustice historique qui persiste au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies : l’absence totale de représentation permanente pour le continent. « Un continent de 1,4 milliard d’habitants […] n’a toujours pas de siège permanent. Ce n’est pas une anomalie, c’est une aberration », a-t-il dénoncé. Rappelant le Consensus d’Ezulwini, qui demande notamment deux sièges permanents avec droit de veto pour l’Afrique, Faure Gnassingbé a exhorté à dépasser la simple revendication : réformer les institutions et exiger un rôle décisionnel accru dans la production des normes, des financements et des stratégies globales.
L’autonomie africaine par la mobilisation de ses propres ressources
Troisième point majeur : la souveraineté moderne. Pour le Président du Conseil, l’Afrique doit cesser d’attendre son développement de l’extérieur. Celui-ci doit naître de ses ressources naturelles, de ses talents locaux, de ses entreprises, de ses diasporas et de ses savoirs ancestraux. Il a insisté sur la nécessité de revaloriser les connaissances endogènes — qu’elles soient médicales, scientifiques, culturelles ou technologiques — afin de bâtir un modèle de développement ancré dans l’identité africaine. « Une Afrique qui croit en ce qu’elle sait et en ce qu’elle est » : voilà la base d’un continent réellement souverain.
Diaspora et jeunesse : un binôme stratégique pour l’avenir
Faure Gnassingbé a ensuite évoqué les piliers du renouveau africain : la diaspora, les afro-descendants et la jeunesse. « La diaspora prolonge l’Afrique dans le monde. Elle élargit notre horizon collectif », a-t-il souligné. Il a également salué le potentiel de la jeunesse africaine — innovante, numérique, créative — et appelé les dirigeants à lui offrir responsabilisation et confiance. Selon lui, cette génération représente l’atout le plus décisif du continent pour anticiper les mutations globales.
Construire un narratif africain fort et autonome
Dernier axe : la reconquête du récit africain. Le Président a dénoncé les représentations biaisées et les stéréotypes véhiculés depuis des décennies. « Aucune puissance ne s’est affirmée en laissant les autres raconter son histoire », a-t-il rappelé. Il a ainsi invité les Africains à investir massivement les espaces numériques, médiatiques et artistiques pour façonner eux-mêmes l’image de leur continent. Pour lui, une Afrique qui maîtrise son narratif devient une Afrique qui attire, influence et inspire. Le discours de Faure Gnassingbé se distingue par son ton résolument opérationnel. Ce n’est plus un panafricanisme idéologique, mais un panafricanisme d’initiatives, aligné sur les réalités d’un monde multipolaire. Le rôle de la jeunesse et de la diaspora incarne une vision intergénérationnelle et transnationale du développement. Enfin, la bataille du narratif témoigne d’une compréhension fine des rapports d’influence du XXIᵉ siècle, où l’image détermine la puissance.
Au cœur des grandes dynamiques panafricaines
Le 9ᵉ Congrès Panafricain de Lomé se tient dans un moment décisif pour le continent : montée des enjeux sécuritaires, transition démographique inédite, défis climatiques, recomposition des alliances internationales et aspiration croissante à la souveraineté. Lomé accueille ainsi des chefs d’État, universitaires, historiens, acteurs de la société civile et organisations régionales venus débattre du devenir du panafricanisme. Dans ce cadre, l’appel lancé par le Président du Conseil du Togo vise à faire de ce congrès non seulement un espace de réflexion, mais surtout un catalyseur d’actions concertées.