L'économiste du Togo

Va-t-on vers une recomposition du système bancaire dans la zone franc?

Les banques installées dans la zone Franc ne financent pas suffisamment l’économie malgré des résultats bénéficiaires et ce dans un contexte d’extrême pauvreté.

Certaines d’entre elles ont bénéficié de situations de rentes confortables en finançant une partie de leurs emplois avec des ressources du marché interbancaire.

Les emplois financés ont parfois consisté en l’acquisition de titres d’États quasiment sans risques.

En agissant ainsi, elles sortent de leur métier traditionnel qui consiste à collecter l’épargne et financer les demandes de crédit des acteurs économiques.

Aussi longtemps que les taux de refinancement auprès des banques centrales étaient fixes, elles vivaient dans le confort et restaient liquides. Mais, le passage à des taux variables sur le marché interbancaire couplé avec les augmentations successives des taux directeurs par les banques centrales rendent incertaines leurs perspectives de rentabilité et de liquidité dans un contexte de forte concurrence.

Cette situation est aggravée par le fait que le marché des titres d’États sans risques sur lequel de nombreuses banques faisaient des profits confortables est désorganisé par une inflation préoccupante mais aussi par une sollicitation plus accrue de ce type de marché par des États en difficulté qui peinent de plus en plus à accéder aux marchés financiers internationaux en raison d’un niveau d’endettement très élevé.

Faits rares, on assiste à des opérations de souscription non entièrement bouclées.

La sortie par la Commission bancaire de l’UEMOA, le 16 mars dernier, d’un communiqué invitant les banques à prendre des précautions dans la distribution de dividendes au titre de l’exercice 2022, renforce notre inquiétude.

Cet appel à renforcer les ressources peut être interprété par les acteurs comme le reflet d’une crise potentielle de liquidité et des préoccupations quant à la solvabilité future des banques

La BCEAO, avec cette orientation suit encore une fois la BCE qui avait fait une pareille annonce en 2021 laquelle n’avait aucun impact positif sur l’inflation.

Comme je le répète depuis le mois d’août 2022, une crise financière mondiale est fort possible inchallah.

En ce qui concerne la zone Franc, si les problèmes soulevés ci-avant persistent et en tenant compte des tendances des acteurs à aller vers la thésaurisation, nous anticipons une recomposition du système bancaire avec des risques possibles de faillite, des stratégies d’alliance, de concentration et de diversification vers d’autres métiers comme la finetech et les télécom.

La tenue des états généraux du financement bancaire dans la zone Franc est recommandée.

Les banques centrales devraient revoir leurs politiques monétaires et leurs stratégies anti inflationnistes.

Mesurent-elles vraiment les dangers encourus ? Crise économique, plan sociaux, instabilité politique ?

Magaye GAYE

Économiste International

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