La paix et la sécurité sont une condition préalable au développement économique durable, et vice-versa. Dès lors, le Fonds pour la paix est un élément essentiel pour soutenir le commerce intra-africain, lui-même facteur de stabilité et d’attractivité pour le continent.
En tant que plus grande zone de libre-échange au monde, la ZLECAf est un instrument novateur qui favorise l’intégration économique et la prospérité et contribue directement à la paix et à la sécurité en Afrique. La ZLECAf est un régime commercial intra-africain qui démantèle les barrières commerciales, ouvrant ainsi la voie à une intégration, une compétitivité, une diversification économique et des investissements accrus dans les économies africaines.
Une Afrique en paix attire les investissements étrangers, qui alimentent la croissance économique, tandis qu’une Afrique économiquement prospère peut contribuer de manière plus significative aux efforts de paix et de sécurité.
Avec les économies à la croissance la plus rapide, la population la plus jeune et une main-d’œuvre robuste, l’Afrique est prête à bénéficier de son dividende démographique. La ZLECAf augmentera le niveau des échanges entre les pays africains, stimulera la production par le développement de chaînes de valeur régionales afin de garantir que la fabrication, la transformation agricole et d’autres activités continuent d’alimenter les marchés mondiaux et de renforcer l’impact économique et commercial de l’Afrique sur le monde.
Le rajeunissement économique de la zone de libre-échange en Afrique est porteur de dividendes inhérents à la paix : l’intégration, l’interdépendance et la coopération accrues favorisent considérablement la paix. La zone de libre-échange en Afrique crée un paysage économique intégré qui dissuade les conflits en raison de l’interdépendance et de l’activité économique accrues.
En favorisant la croissance économique et la création d’emplois décents, la zone de libre-échange en Afrique s’attaque directement aux inégalités économiques, une cause bien établie de troubles sociaux et de conflits, et, ce faisant, contribue indirectement à la stabilité et à la sécurité sur le continent, amplifiant son rôle au-delà de l’intégration économique.
Une réponse aux conflits
Alors que la ZLECAf est le moteur de la croissance économique, le Fonds pour la paix est un mécanisme essentiel qui, avec d’autres mécanismes institués par l’Union africaine tels que le Conseil de paix et de sécurité, la Force africaine en attente, le Comité d’état-major, le Système continental d’alerte rapide et le Groupe des sages, œuvre en faveur de la prévention, de la gestion et de la résolution des conflits, et facilite des réponses rapides et efficaces aux conflits et aux crises en Afrique.
Le Fonds pour la paix apporte un soutien opportun et efficace dans les domaines de la médiation et de la diplomatie préventive, des opérations de soutien à la paix menées par l’UA et du développement des capacités institutionnelles essentielles qui renforcent les réponses aux conflits et développent la résilience.
La facilité de réserve en cas de crise (CRF) du Fonds pour la paix est conçue pour répondre rapidement aux crises émergentes et souligne la volonté de l’UA de garantir la stabilité régionale. En créant un environnement sûr, le Fonds pour la paix prépare le terrain pour une mise en œuvre réussie de la ZLECAf, en renforçant la confiance des investisseurs et en permettant des relations commerciales harmonieuses. Cette relation de renforcement mutuel illustre l’harmonie stratégique entre la ZLECAf et le Fonds pour la paix.
Les fonds ont été utilisés pour la première fois en 2023 avec le premier décaissement de 2 millions de dollars pour la Communauté de l’Afrique de l’Est en juin 2023 pour la mise en œuvre du « Cadre de coopération pour la paix et la sécurité en RD Congo », et la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est, ainsi que 2 millions de dollars pour la Mission de transition de l’UA en Somalie.
La relation entre la ZLECAf et le Fonds pour la paix crée un cycle vertueux qui renforce la prospérité économique et garantit la paix et la stabilité. La paix et la stabilité sont renforcées par l’utilisation du Fonds pour la paix, et c’est une condition préalable à la mise en œuvre harmonieuse de la ZLECAf. Dans le même temps, la prospérité économique stimulée par le libre-échange peut réduire les facteurs de déclenchement des conflits et élargir la base de ressources disponibles pour le Fonds pour la paix, renforçant ainsi ses efforts en faveur de la paix et de la sécurité.
Des piliers interdépendants
Au fur et à mesure que les pays s’intègrent économiquement, le coût des conflits augmente, faisant de la paix une option plus attrayante. Ainsi, la ZLECAf et le Fonds pour la paix se renforcent mutuellement, démontrant la symbiose fondamentale entre le développement économique et la paix et la sécurité. Cette relation symbiotique s’étend au-delà des frontières de l’Afrique.
À mesure que le continent devient plus pacifique et économiquement plus robuste, il peut forger des partenariats plus solides sur la scène mondiale. Une Afrique en paix attire les investissements étrangers, qui alimentent la croissance économique, tandis qu’une Afrique économiquement prospère peut contribuer de manière plus significative aux efforts de paix et de sécurité dans le monde.
La paix durable, la sécurité et le développement économique en Afrique ne sont pas seulement des objectifs interconnectés ; ce sont des piliers interdépendants qui soutiennent la vision du continent d’une Afrique unifiée, pacifique et prospère.
Dagmawit Moges est directrice du secrétariat du Fonds pour la paix de la Commission de l’Union africaine. Elle a été ministre des Transports et de la logistique en Éthiopie.