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Afrique subsaharienne: Le FMI évoque une reprise interrompue


Le Fonds monétaire international (FMI) publie les Perspectives économiques régionales d’Avril 2025 pour le compte de la région Afrique subsaharienne.

Les événements récents ont eu raison de la reprise économique, qui avait été durement acquise. L’activité économique a été supérieure aux attentes en 2024, permettant d’afficher une croissance régionale de 4 %, contre 3,6 % en 2023.Grâce à des politiques plus judicieuses, les déséquilibres macroéconomiques se sont réduits, avec en particulier un ralentissement de l’inflation et une stabilisation de la dette publique. Fait notable, l’inflation globale médiane s’est établie à 4,5 % au début de 2025, tandis que le ratio dette/PIB médian s’est maintenu au-dessous de 60 %.Mais après quatre années de crise, de nombreux pays d’Afrique subsaharienne ne sont pas encore tirés d’affaire et la région fait face à un énième choc, sous la forme d’une transformation soudaine du paysage économique extérieur : les gouvernements du monde entier revoient l’ordre de leurs priorités pour l’action publique, ce qui se traduit notamment par une série de mesures tarifaires de taille du côté des États-Unis et par des contre-mesures de leurs partenaires commerciaux.


Révision à la baisse de la croissance


D’après les prévisions actuelles, la croissance régionale sera plus modérée, à 3,8 % en 2025et 4,2 % en 2026, soit une révision à la baisse de respectivement 0,4 et 0,2 point de pourcentage. Le ralentissement est imputable en grande partie aux turbulences de la conjoncture mondiale, illustrées par la baisse de la demande extérieure, la faiblesse des cours des produits de base et le resserrement des conditions financières, avec une dégradation plus marquée des perspectives des exportateurs de produits de base et des pays commercialement plus exposés aux États-Unis. Outre que les perspectives mondiales sont plus moroses, la conjoncture économique mondiale est exceptionnellement incertaine et une nouvelle accentuation des tensions commerciales ou un nouveau durcissement des conditions financières mondiales dans les pays avancés pourraient peser sur la confiance et l‘activité au niveau régional, et faire augmenter simultanément les coûts d’emprunt. De plus, les flux d’aide publique au développement vers l’Afrique subsaharienne diminueront sans doute à l’avenir, aggravant encore les difficultés des populations les plus vulnérables de la région.De surcroît, ces évolutions surviennent dans un contexte de vulnérabilités existantes, en particulier dans les pays qui font face à une pénurie de financement et une hausse des coûts d’emprunt qui limitent dans bien des cas leur capacité à financer les services et les besoins de développement essentiels. De même, bien que les tensions inflationnistes s’apaisent à l’échelle régionale, plusieurs pays restent aux prises avec une inflation élevée, ce qui requiert une orientation restrictive de la politique monétaire et le maintien d’un soutien budgétaire.


Régler avec précision les politiques économiques


Dans ce contexte incertain, il est recommandé de continuer de régler avec précision les politiques économiques afin de promouvoir la croissance et le développement social sans compromettre la stabilité macroéconomique. Une plus grande importance est aussi actuellement accordée à la constitution de marges de manœuvre budgétaires et extérieures, ainsi qu’à la crédibilité et la cohérence dans l’élaboration des politiques économiques. Les autorités devront donc de plus en plus s’appuyer sur les sources de vigueur et de résilience de leurs pays et accroître les recettes intérieures, améliorer l’efficience des dépenses et renforcer la gestion des finances publiques et les cadres budgétaires pour abaisser les coûts d’emprunt. À l’avenir, le secteur privé va devoir fournir le gros des efforts pour atteindre les objectifs de développement à long terme. Les réformes structurelles qui renforcent la gouvernance, améliorent le climat des affaires et favorisent l’intégration commerciale régionale, mais aussi l’augmentation des investissements dans le capital humain et les infrastructures, peuvent créer un terreau plus propice à l’essor du secteur privé. En Afrique subsaharienne, près d’une personne sur trois vit toujours au-dessous du seuil de pauvreté : il est donc indispensable de définir des stratégies pour une croissance diversifiée, qui donnent la priorité à la création d’emplois et soutiennent les plus vulnérables.


L’Afrique à tout à gagner


Le monde a tout à gagner d’une Afrique forte, stable et prospère. Mais la prospérité est loin d’être garantie et dépendra du maintien des aides extérieures. Bénéficier d’un accès au marché prévisible pour ses biens et services marchands est tout simplement ce qui peut le plus aider l’Afrique subsaharienne. Pour les pays plus pauvres et plus fragiles de la région, en revanche, l’appui financier des partenaires bilatéraux et multilatéraux serait souhaitable aussi. Un tel soutien demeure essentiel pour que la région ne reste pas à la traîne.

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