Le projet d’investissement pour la résilience des zones côtières en Afrique de l’Ouest (WACA) sur financement de la Banque mondiale, redessine le littoral togolais et ouest-africain avec des côtes restaurées, des vies transformées. Succès story au Togo et au Bénin.
Au Togo comme dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, la résilience côtière n’est plus un concept abstrait. Elle se matérialise sous forme de plages restaurées, d’infrastructures protectrices, d’activités économiques revitalisées et de communautés mieux armées face aux chocs climatiques. Grâce au Programme WACA, financé notamment par la Banque mondiale, les populations se réapproprient des espaces autrefois engloutis, retrouvent des moyens de subsistance durables et bâtissent un avenir qui conjugue protection de l’environnement et opportunités économiques.
Le littoral retrouve vie, les communautés reprennent espoir
À Aného, symbole historique de l’érosion côtière au Togo, la scène ressemble désormais à une renaissance. Il y a un an encore, la mer menaçait d’emporter les habitations, grignotant parfois jusqu’à dix mètres de côte par an. Dans certaines zones particulièrement vulnérables, le recul atteignait même trente mètres, provoquant angoisse, pertes économiques et déplacements forcés. Aujourd’hui, sur ce même littoral, Lionel Djondo observe le chantier de son futur hôtel en bord de mer : un établissement de 40 chambres doté d’une piscine, d’un spa et d’aires de jeux.
« J’ai bon espoir, confie-t-il. Nous devrions créer 500 emplois directs et indirects », témoigne-t-il dans un succes story réalisé par la Banque mondiale et intitulé « Être capables de rebondir, et pour longtemps. Faire les choses autrement pour garder une planète vivable.» Ainsi, la confiance revient, les investisseurs se réengagent, et des pans entiers de territoires renaissent. Pour les habitants comme Ayayi Hounlédé, le contraste est saisissant : « Des vagues de deux mètres frappaient nos maisons. Ici, tout était inondé. »
Ces traumatismes appartiennent peu à peu au passé grâce aux infrastructures mises en place : digues, brise-lames, rechargements en sable et restauration des mangroves. Ces mesures réduisent l’avancée de la mer et stabilisent durablement les écosystèmes. La pêche, pilier économique des zones côtières, en bénéficie pleinement. À Kpémé, la poissonnière Florence Akouété retrouve le sourire : « Je trouve du poisson tous les jours, sauf le mercredi. Je le fume et je le vends à Lomé et dans les villages.
Avec cet argent, je nourris ma famille. » Certaines espèces autrefois disparues réapparaissent, signe que la biodiversité se rétablit. Au-delà du Togo, le Programme WACA impulse une dynamique régionale. À Lokossa, au Bénin, la Coopérative de transformation des produits agricoles d’Agamé vibre d’activité. Forte de 730 membres, dont 715 femmes, elle transforme gari, huile de palme, tapioca, savon et bien d’autres produits.
« Avant, on travaillait à domicile, sans outils ni espace adapté. C’était très difficile », explique la secrétaire générale, Philomène Claire Adangnonnanhoundé. Désormais équipées, les femmes bouclent en quelques heures des cycles de production qui prenaient autrefois une semaine. Le résultat : des revenus stables, plus d’autonomie et moins de dépendance à la mer. Pour Alexis Aquereburu, maire de la commune des Lacs 1 au Togo, « WACA est un projet porteur d’espoir. Il nous a réconciliés avec la mer. »
La résilience, vecteur de développement durable
Les transformations observées sur le littoral ouest-africain montrent qu’investir dans la résilience n’est pas seulement une réponse au changement climatique. Les infrastructures de protection apportent une sécurité immédiate, mais elles produisent surtout un effet domino : renaissance des activités économiques, retour des investisseurs, création d’emplois et amélioration de la qualité de vie. Les solutions mises en œuvre par WACA sont souvent simples mais puissantes. Restaurer des mangroves, recharger des plages, introduire des cultures résistantes à la sécheresse, renforcer les capacités des coopératives féminines : autant d’actions qui, cumulées, rendent les communautés capables de rebondir durablement.
La Banque mondiale confirme cette stratégie. En 2025, plus d’un tiers de ses financements climatiques sont consacrés au renforcement de la résilience. Ces fonds servent à maintenir les routes praticables après les inondations, protéger les récoltes pendant les sécheresses et aider les ménages à préserver leurs revenus après une catastrophe. L’objectif est clair : chaque dollar investi doit générer un impact durable.
Défi régional face aux chocs climatiques
Les côtes de l’Afrique de l’Ouest abritent plus de 105 millions d’habitants et concentrent des activités économiques essentielles — pêche, tourisme, transformation agroalimentaire, commerce. Or ces zones figurent parmi les plus exposées au changement climatique : érosion, submersions marines, inondations, pollution, raréfaction des ressources halieutiques.
Le Programme WACA (West Africa Coastal Areas), lancé en réponse à ces défis, couvre aujourd’hui neuf pays côtiers et s’appuie sur un réseau de partenariats qui englobe dix-sept États de la région. Sa mission : réduire la vulnérabilité des populations, préserver les écosystèmes et consolider la croissance économique.
L’enjeu dépasse largement l’environnement. Il touche à la sécurité alimentaire, à la stabilité sociale, à la mobilité humaine, mais aussi à la capacité des pays à offrir un avenir viable à leurs jeunes générations. Grâce à WACA, les communautés côtières ne sont plus seulement protégées : elles deviennent actrices d’une nouvelle économie durable et résiliente. « Parce que l’effet de chaque dollar investi dans le développement doit être durable », dixit la Banque mondiale.