L'économiste du Togo

Chronique : à quoi sert la ZLECAF?

Le commerce intra-africain a progressivement augmenté, atteignant 192,2 milliards de dollars en 2023, ce qui représente seulement 14,9 % du commerce total du continent. Ce commerce concerne essentiellement des matières premières, des produits agricoles et quelques biens manufacturés, avec l’Afrique du Sud, comme principal contributeur. Cependant, comparé à d’autres régions où le commerce interne dépasse souvent 50 %, le commerce intra-africain reste modeste.

Les tendances commerciales révèlent des schémas régionaux bien définis. L’Afrique du Sud joue un rôle dominant dans ses échanges. La Côte d’Ivoire est en tête en Afrique de l’Ouesti. L’Égypte, quant à elle, commerce largement avec les pays d’Afrique du Nord. Le Nigeria et le Ghana échangent principalement leur pétrole et leurs produits agricoles avec les régions ouest et centre.

Les produits échangés sont divers. Les produits agricoles et pétroliers sont en tête, avec l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Égypte comme principaux exportateurs ainsi que la Côte d’Ivoire et le Ghana. Les biens manufacturés, les machines, les véhicules et les produits chimiques, proviennent surtout de l’Afrique du Sud, alors que l’Égypte se spécialise dans les équipements électriques et plastiques.

En dépit de ces richesses, l’Afrique a importé 577 milliards de dollars de biens extérieurs en 2023, principalement des machines, équipements électroniques, véhicules et biens de consommation, mais aussi produits agricoles, en provenance de la Chine, de l’UE, des USA et de l’Inde. À l’inverse, les exportations de l’Afrique vers le reste du monde ont atteint 659 milliards de dollars en 2023, dominées par des matières premières. La Chine est le principal partenaire commercial, suivie par l’UE et l’Inde.

Ces déséquilibres dans les importations et exportations montrent une dépendance structurelle de l’Afrique. Elle importe des biens finis à forte valeur ajoutée tout en exportant des matières premières, en raison de la faible industrialisation et d’un secteur manufacturier peu développé.

La ZLECAf vise à corriger ces déséquilibres en stimulant le commerce intra-africain. Elle cherche à réduire les tarifs douaniers, harmoniser les réglementations et favoriser la production de biens à plus forte valeur ajoutée sur le continent.

Pour que la ZLECAf atteigne pleinement ses objectifs, un investissement important dans le capital humain, l’industrialisation et les infrastructures est nécessaire. Le renforcement des chaînes de valeur régionales, dans des secteurs comme l’agriculture et l’énergie, peut aussi réduire la dépendance aux importations.

Un domaine clé pour stimuler rapidement le commerce intra-africain est l’agriculture. En ajoutant de la valeur aux produits agricoles, notre continent peut conserver davantage de richesse. Cela permettrait également de créer des emplois, d’améliorer la sécurité alimentaire et de réduire le déséquilibre commercial

Amine IDRISS A. KARAMA

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