Monsieur le Président, vous êtes un entrepreneur accompli, PDG de La Protectrice Assurances et ancien Président de l’Association des Grandes Entreprises du Togo (AGET). Pouvezvous revenir sur votre parcours et ce qui vous a conduit vers la présidence de la CCI-Togo ?
Mon parcours est celui d’un juriste passionné par les questions économiques, maritimes et assurantielles. Convaincu que le dynamisme du secteur privé constitue l’un des leviers majeurs du développement économique et social de notre pays, j’ai décidé donc de proposer ma candidature à la Présidence de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo afin d’apporter mon expertise à la conduite de ses missions, de contribuer à la modernisation de son fonctionnement et participer activement à la construction d’un environnement des affaires plus performant, plus attractif et plus inclusif.
D’une façon un peu plus détaillée, je vous dirais qu’après une maîtrise en droit des affaires, j’ai poursuivi mes études en France où j’ai obtenu un DESS en transports maritimes, un diplôme de l’Institut des Assurances d’Aix-Marseille, puis un doctorat en droit maritime et des transports. Ces années de formation ont façonné ma compréhension des enjeux liés au commerce international, à la logistique et à la maîtrise des risques, et m’ont permis d’acquérir une vision globale des défis auxquels font face les entreprises dans un environnement économique en constante évolution.
De retour au Togo, j’ai progressivement gravi les échelons du secteur des assurances : d’abord à CAREAS International, ensuite au sein de la Compagnie Africaine d’Assurances (C2A), avant de diriger successivement GTA-C2A, NSIA Assurances et NSIA Vie dont j’ai été le promoteur en 2005, et que j’ai eu le privilège de diriger pendant 11 ans. Depuis 2017, j’ai quitté la casquette de cadre employé pour être entrepreneur moi-même en créant La Protectrice Assurances, aujourd’hui présente au Togo, au Bénin et au Burkina Faso, et que j’ai l’honneur de diriger.
Parallèlement à mes responsabilités managériales, j’ai été amené à présider plusieurs organisations professionnelles, notamment l’Association des Grandes Entreprises du Togo (AGET) et la Fédération Togolaise des Assureurs- Conseils. J’ai siégé également dans de nombreux conseils d’administration, tout en contribuant à la formation académique de jeunes juristes et fiscalistes à l’Université de Lomé et à l’Institut Supérieur de Droit et d’Interprétariat (ISDI), une prestigieuse université privée de droit dont je suis le Président Fondateur.
Ce parcours, m’a naturellement conduit vers la présidence de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo. J’y vois une mission exigeante mais fondamentale : fédérer les forces du secteur privé, porter la voix des entreprises, accompagner la transformation économique du pays et renforcer le positionnement du Togo dans la sous-région, en Afrique et dans le monde.
Quels sont, selon vous, les principaux défis auxquels fait face aujourd’hui le secteur privé togolais ?
Le secteur privé togolais évolue dans un contexte dynamique, mais demeure confronté à plusieurs défis majeurs. Le premier concerne l’accès au financement, qui reste souvent difficile et insuffisamment adapté aux besoins des TPME.
Le deuxième défi est celui de la compétitivité, qui repose désormais sur la capacité des entreprises à innover, à se digitaliser, à améliorer leur gouvernance et à répondre aux exigences croissantes des marchés régionaux et internationaux.
Un troisième enjeu essentiel touche au développement du capital humain : la formation, la qualification et l’adaptation des compétences aux besoins actuels de l’économie sont déterminantes pour accompagner la croissance des entreprises.
Le secteur privé togolais dispose d’un potentiel remarquable, mais nécessite un accompagnement renforcé pour exploiter pleinement les opportunités qui s’offrent à lui et contribuer davantage au développement durable de notre pays.
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Vous avez été élu à la tête de la CCI-Togo avec un programme ambitieux. Pouvez-vous nous présenter les grands axes de votre vision pour les quatre (04) prochaines années ?
Notre vision pour la CCI-Togo sur les quatre prochaines années s’articule autour d’une transformation destinée à
repositionner la Chambre comme une institution moderne, efficace et pleinement au service du secteur privé. Elle repose d’abord sur la modernisation institutionnelle, à travers la digitalisation des services, l’amélioration de la gouvernance, et de l’offre de services destinés aux entreprises ainsi que le développement d’infrastructures dédiées au secteur privé. Notre objectif est de rendre l’institution plus performante dans son rôle d’accompagnement du secteur privé et de renforcer la confiance des opérateurs économiques et des partenaires au développement.
Cette vision se traduit également par la mise en oeuvre de projets structurants capables d’accélérer la compétitivité
du secteur privé togolais. Nous travaillons notamment à la rénovation des gares routières existantes, à la création d’une banque agricole pour soutenir durablement les acteurs du monde rural, ainsi qu’à l’installation d’un centre
de formation aux métiers de la mécanique automobile en partenariat avec la Chambre de Métiers et de l’Artisanat
des Pays de la Loire, afin de doter les jeunes de compétences adaptées aux exigences du marché. Pour faire face au défi lié à l’accès au financement, nous prévoyons également de mettre en place un fonds d’investissement dédié aux PME afin de soutenir les entreprises présentant un potentiel important et une valeur ajoutée certaine pour notre
économie et de les accompagner dans leur structuration et leur croissance.
Notre vision inclut enfin un ancrage régional plus affirmé. Nous souhaitons renforcer l’internationalisation du secteur privé togolais en facilitant l’accès aux marchés de l’UEMOA, de la CEDEAO et de la ZLECAf, en consolidant les partenariats stratégiques et en prenant une part active dans les dynamiques communautaires. Notre objectif est clair : faire de la CCI-Togo un acteur incontournable du développement économique.
Quelles réformes institutionnelles ou organisationnelles souhaitez-vous impulser pour rendre la Chambre plus efficace et plus proche des entreprises ?
La réforme prioritaire que nous avons engagée concerne la réorganisation du fonctionnement interne de la
CCI-Togo avec l’adoption d’un nouvel organigramme permettant d’aligner nos ressources sur nos objectifs.
Cette restructuration vise à renforcer l’efficacité de l’action consulaire, à améliorer la coordination entre les différentes directions et à rendre l’institution plus agile face aux besoins du secteur privé. Elle s’inscrit dans une dynamique de modernisation profonde destinée à aligner la Chambre sur les standards internationaux de gouvernance tout en tenant compte des réalités économiques nationales. L’objectif est clair : disposer d’une structure mieux organisée, plus performante et pleinement orientée vers les résultats.
Nous prévoyons également de renforcer notre présence territoriale à travers un réseau de délégations régionales plus actives, afin de rapprocher la Chambre des entreprises et de mieux prendre en compte les spécificités de chaque zone économique. Enfin, nous voulons instaurer une culture de concertation permanente avec les organisations professionnelles, les grandes entreprises, les PME et les jeunes entrepreneurs, afin de faire de la Chambre un véritable partenaire stratégique au service du secteur privé.
Le Togo est membre actif de l’UEMOA et de la ZLECAf. Quelle contribution la CCI-Togo entend-elle apporter à la construction d’un secteur privé communautaire fort et compétitif ?
La CCI-Togo a un rôle essentiel à jouer dans la consolidation d’un secteur privé communautaire dynamique. Nous entendons contribuer en facilitant l’intégration économique par le rayonnement des entreprises togolaises au sein des marchés de l’UEMOA et de la ZLECAf, notamment par la diffusion d’informations stratégiques, l’accompagnement à l’export, la facilitation des échanges commerciaux et des transports, l’appui à la transformation digitale et l’amélioration de l’accès au financement.
Nous travaillerons également à renforcer la participation des entreprises togolaises aux chaînes de valeur régionales, particulièrement dans les secteurs porteurs. La Chambre s’engage aussi à stimuler le dialogue entre les acteurs publics et privés pour favoriser la convergence des politiques économiques et la compétitivité globale de l’espace communautaire.
Comment la CCI-Togo compte-t-elle renforcer ses partenariats avec les Chambres soeurs de la sous-région et les institutions comme la CCR-UEMOA ?
Nous comptons renforcer ces partenariats à travers une collaboration plus structurée et des actions concrètes. Cela passera par la signature de nouveaux accords de coopération, l’organisation de missions économiques conjointes, la participation active aux programmes de renforcement de capacités et la mutualisation de certaines expertises et, pourquoi pas, la réalisation de projets communs. Nous souhaitons également travailler avec la CCRUEMOA dans le cadre de projets communautaires visant à harmoniser les pratiques, à développer des outils communs de promotion des entreprises et à faciliter la circulation de l’information économique. Ces partenariats sont essentiels pour construire une véritable dynamique sous-régionale fondée sur la solidarité économique et le partage des bonnes pratiques.
Quel message souhaitez-vous adresser aux entrepreneurs togolais, aux opérateurs économiques et à vos partenaires
régionaux ?
J’invite les entrepreneurs à renforcer la gouvernance de leurs entreprises, à saisir les opportunités pour développer des partenariats d’affaires, à cultiver l’innovation, et à adhérer aux nouvelles possibilités offertes par la transformation digitale et l’intégration régionale. Bien entendu, je les invite à être plus proches de leur Chambre Consulaire.
À nos partenaires régionaux, je réaffirme l’engagement de la CCI-Togo à jouer pleinement son rôle au service d’un secteur privé plus compétitif, plus intégré et tourné vers l’avenir. Ensemble, nous pouvons bâtir un espace économique où les entreprises prospèrent, créent de la valeur ajoutée et contribuent durablement à la croissance pour le bien-être des populations de notre espace commun.
CCR UEMOA.
Par la Rédaction