L'économiste du Togo

La situation économique et financière du Togo vue de Paris

Le trésor général français a passé en revue le 18 juillet dernier la structure de l’économie réelle et la croissance économique du Togo. Avec un PIB en 2021 estimé à 4720 Mds FCFA (pour une population estimée à 8,5 M habitants qui croit au rythme de 2,4 % par an, le Togo appartient à la catégorie des pays les moins avancés (PMA) avec un PIB/hab de l’ordre de 850 EUR.

En termes de ventilation sectorielle, le secteur primaire (principalement l’agriculture) contribue au PIB à hauteur de 18,5 % ; le secteur secondaire, qui repose en grande partie sur l’agroalimentaire, la construction ainsi que la production et la distribution d’eau, d’électricité et de gaz, représente 22,9 % du PIB ; tandis que le secteur tertiaire centré autour du commerce, de l’activité portuaire, aéroportuaire et financière contribue à plus de la moitié du PIB (58,6 %).

Le clinker et le ciment, les phosphates, le coton-fibre sont les trois principaux produits d’exportation aux côtés de filières émergentes (soja, …). Grâce au choix de MSC qui a fait du port de Lomé en 2014 sa plateforme de transbordement, ce dernier s’impose comme le 5ème port de conteneurs d’Afrique et le 1er sur la côte ouest d’Afrique subsaharienne. Le Togo mise à court et moyen terme sur des investissements dans le secteur cimentier, dans la transformation des phosphates, dans la zone industrielle spéciale d’Adétikopé avec l’objectif de créer des chaînes de valeur issues de matières 1ères locales (coton, soja, bois, …).

Le développement humain, tel qu’enregistré par le rapport 2021 du PNUD, est faible, le pays étant classé au 162ème rang mondial sur 189 avec une note de 0,539. Le climat des affaires togolais, tel qu’évalué par la dernière enquête Doing Business, indiquait une nette amélioration avec un gain de 40 places. Il s’agissait de la plus importante progression comptabilisée au niveau du continent africain sur l’année, ce qui a permis au pays de se hisser à la 97ème place mondiale sur 190.

Conjoncture économique

L’économie s’est montrée résiliente en 2020 face à l’impact de la pandémie de COVID-19, avec une croissance positive à 1,8%. Si certains secteurs ont été durement touchés (hôtellerie, restauration, transports routiers et aériens, commerce informel…), d’autres (tels que les industries des boissons et du ciment, l’activité portuaire…) ont maintenu leur dynamisme ou ont très vite rattrapé leur niveau d’avant crise. La croissance a rebondi en 2021 pour retrouver son niveau pré-COVID à +5,1%, et pourrait s’accélérer dès 2022 (+5,6%) (REO-FMI, 5,9% d’après les autorités locales à ce jour) pour atteindre +6,5% sur le moyen terme, si l’impact de la crise ukrainienne est contenu.

Après des conditions climatiques peu favorables à l’agriculture en 2021, le Togo fait face à une inflation forte, exacerbée par l’impact de la guerre en Ukraine. En 2021, la hausse de l’indice des prix harmonisé à la consommation (INHPC) s’est établie en moyenne annuelle à 4,5% (contre 1,8% en 2020) et est attendue à environ 7 % en 2022 avec un espoir de reflux en 2023.

Solde budgétaire

L’impact de la COVID-19 a conduit à un déficit budgétaire élevé ces deux dernières années : 6,9% du PIB en 2020 et 6,5% du PIB en 2021, contre un excédent de 1,6% du PIB en 2019. La Loi de Finances rectificative 2022 a encore revu sensiblement à la hausse le déficit public (8,4% du PIB, soit 428 Mds XOF – 652,5 M EUR) du fait des mesures de soutien au pouvoir d’achat (subvention/exonérations fiscales pour les produits de base, augmentation de 10% des salaires des fonctionnaires, …) et des dépenses de sécurité additionnelles (2 points de PIB). Le déficit 2023 est programmé à environ 6,5% du PIB (soit 367,5 Mds XOF -560,2 M EUR).

Dette

La dette publique du Togo s’est fortement accrue depuis 2019. Elle est ainsi passée de 2 197 Mds XOF (52% du PIB) en décembre 2019 à 3 125 Mds XOF -4,8 Mds EUR- mi-2022 (61% du PIB). Elle reste très majoritairement, à 70,7%, libellée en francs CFA, quasi exclusivement constituée de titres d’Etat émis sur le marché sous-régional. Le service de la dette intérieure (intérêts et amortissement du principal) est particulièrement lourd et absorbe environ 83% des charges de trésorerie de la dette publique (450 Mds XOF -686 M EUR- sur un total de 542 Mds XOF -826,2 M EUR- planifié pour 2023).

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