L'économiste du Togo

Chronique: la soutenabilité de la dette des pays africains

Tout d’abord, il faut noter que l’endettement constitue l’un des leviers principaux pour couvrir les besoins de financement du développement de tout pays.

En Afrique, face à l’importance et à l’urgence des besoins de financement du développement, le profil des dettes publiques a considérablement évolué au cours des dix dernières années malgré les initiatives d’allègement de dette entreprises par la communauté internationale.

Aux bailleurs traditionnels bilatéraux ou multilatéraux, sont venus s’ajouter de nouveaux créanciers, issus de pays émergents ou du secteur financier privé. Cela a permis de financer davantage de dépenses de développement en complément des efforts internes entrepris pour renforcer la mobilisation des ressources domestiques.

Toutefois, la montée en puissance de ces nouveaux créanciers a contribué à modifier les structures des dettes publiques en Afrique : d’une part, en alourdissant le stock de dette et le service de la dette et, d’autre part, en complexifiant l’analyse des déterminants des crises de la dette.

En effet, le réendettement des pays africains au cours de la dernière décennie est une réalité indéniable. Celle-ci s’est accompagnée d’une transformation du profil de la dette publique et d’une diversification des créanciers externes ayant conduit à une dégradation progressive de la soutenabilité de la dette publique avec en prime de fortes tensions budgétaires et financières.

La question de la soutenabilité de la dette en Afrique est donc devenue une préoccupation majeure. Selon certains spécialistes, le surendettement et la crise généralisée de liquidité ou de solvabilité à laquelle les pays africains sont confrontés proviendraient de la mauvaise gouvernance des pays ou de pratiques imputables à des créanciers irresponsables

A ce jour, l’état des lieux de la dette des pays africains indique que les niveaux d’endettement continuent d’augmenter dans de nombreux pays, avec un niveau de dette moyenne proche de 60% du PIB. Cette situation est préoccupante car elle limite les capacités des États à investir dans des secteurs clés tels que l’éducation, la santé et les infrastructures.

Cependant, pour assurer la soutenabilité de la dette, les pays africains doivent avoir une approche concertée impliquant une combinaison d’actions à court et à long terme.

A court terme, les mesures peuvent inclure des moratoires sur la dette, des allégements de la dette et des refinancements.

À long terme, les pays africains doivent renforcer leur gouvernance économique, accroître l’investissement dans des secteurs clés tels que l’industrie et l’agriculture, et diversifier leurs économies pour dépendre moins des matières premières. Ils doivent également élargir la base de leur assiette fiscale, accroître l’efficacité de la dépense publique et mettre en place des politiques de gestion de la dette plus rigoureuses.

Guy ABBY NOGUES  Banquier d’Affaires – Administrateur Directeur Général – Administrateur de Sociétés

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