M. Chrispin Phiri, porte-parole du ministre des relations internationales et de la coopération, indique que le thème de la présidence sud-africaine sera « favoriser la solidarité, l’égalité et le développement durable ». Il s’agit de relever les grands défis mondiaux, en mettant l’accent sur le développement de l’Afrique.
Le Groupe des Vingt (G20) est un forum économique intergouvernemental composé de 19 pays et de deux unions régionales – l’Union européenne (UE) et, depuis peu, l’Union africaine (UA). Il représente 85 % de l’économie mondiale, 75 % du commerce mondial et 67 % de la population mondiale.
Parmi les domaines clés sur lesquels la présidence se concentrera, citons la lutte contre le triple défi de la pauvreté, du chômage et de l’inégalité, ainsi que le développement de l’Afrique, ce qui implique de placer le développement de l’Afrique au premier plan, conformément à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, intitulé « L’Afrique que nous voulons ».
Les priorités de l’Afrique du Sud devraient également porter sur la lutte contre les poly-crises telles que le changement climatique, l’énergie, la sécurité alimentaire et la dette, qui affectent de manière disproportionnée l’Afrique et d’autres pays en développement. Les questions du développement des infrastructures et de la réforme de la gouvernance mondiale ont été lancées par les présidences précédentes du G20.
M. Phiri explique que la politique étrangère de l’Afrique du Sud est profondément liée à ses priorités nationales et qu’elle vise à favoriser une Afrique du Sud meilleure, stable et prospère, ainsi que la région de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et l’Afrique.
« La présidence sud-africaine est sur le point d’avoir des implications significatives pour l’ensemble de la région africaine, en particulier au sein de la SADC. La position stratégique de la nation au sein du G20 lui permettra de faire pression pour obtenir des gains politiques qui bénéficieront à l’Afrique du Sud, à la SADC et à l’ensemble du continent. Les principaux domaines d’intervention comprennent la promotion de politiques qui garantissent des avantages économiques à tous les Sud-Africains, en particulier ceux qui sont économiquement marginalisés », a déclaré M. Phiri.
M. Phiri a souligné l’importance de la coordination entre l’Afrique du Sud et l’Union africaine (UA), notamment pour tirer parti de la présidence du G20 afin de faire progresser l’intégration et la coopération régionales.
En tant que présidente du G20, l’Afrique du Sud s’attachera également à relever les défis économiques mondiaux et à promouvoir le développement durable. L’agenda politique du pays s’appuiera sur son plan de développement national, l’Agenda 2063, et sur les questions qui se posent depuis longtemps dans le cadre du G20.
M. Phiri a déclaré que l’Afrique du Sud plaidera en faveur d’une réforme de l’architecture de la dette mondiale afin d’éviter que les crises de la dette ne compromettent la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) ; elle mobilisera également des fonds pour combler l’important déficit de financement du développement, qui s’est creusé après la conférence COVID-19 ; elle s’attaquera également à la question des flux financiers illégaux (FFI), qui drainent environ 88,6 milliards de dollars par an du continent, entravant ainsi les progrès vers l’Agenda 2063 et les objectifs des ODD, ce qui sera essentiel.
Le professeur Danny Bradlow, chercheur au Centre for Advancement of Scholarship de l’université de Pretoria, estime que les priorités de l’Afrique du Sud devraient inclure le financement de la dette et du développement, en particulier pour l’Afrique.
M. Bradlow souhaite que l’Afrique du Sud copréside la table ronde mondiale sur la dette souveraine, aux côtés du FMI et de la Banque mondiale. Ce forum offre l’occasion de promouvoir une approche plus créative de la gestion de la dette, en la reliant à des discussions plus larges sur le développement et le financement du climat.
« Cette présidence est l’occasion de s’attaquer à certains goulets d’étranglement qui entravent depuis longtemps l’intégration régionale en Afrique. Par exemple, l’un des principaux défis auxquels sont confrontés la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) et les Communautés économiques régionales (CER) sont les accords commerciaux bilatéraux qui sapent les efforts d’intégration régionale de l’Afrique », déclare le professeur Bradlow.
Il a exhorté l’Afrique du Sud à profiter de l’impulsion donnée par l’admission de l’UA et sa présidence du G20 pour mettre en évidence ces problèmes et faire pression pour qu’ils soient résolus.
Le professeur Bradlow souligne la nécessité pour l’Afrique du Sud d’hériter et de faire progresser les initiatives de la présidence brésilienne du G20, telles que l’Alliance contre la faim et la pauvreté et les discussions sur la fiscalité mondiale, en particulier la question controversée d’un impôt sur la fortune des milliardaires. Il reconnaît que, bien qu’il s’agisse de sujets complexes impliquant des questions de souveraineté, ils sont essentiels pour générer des ressources pour le financement du développement.
Pour sa part, Elizabeth Sidiropoulos, directrice générale de l’Institut sud-africain des affaires internationales (SAIIA), a souligné l’importance de renforcer la coopération et l’intégration régionales.
« D’un point de vue politique, la présidence sud-africaine du G20 cherche à répondre aux défis économiques et environnementaux mondiaux et à la paix durable, en gardant à l’esprit les efforts pour atteindre les ODD, l’Agenda 2063 de l’UA, ainsi que la réforme des institutions de la gouvernance économique mondiale », a déclaré Mme Sidiropoulos.
Elle a souligné que l’UA étant désormais membre du G20, il y a une plus grande opportunité d’amplifier les priorités africaines, et a suggéré que l’Afrique du Sud se concentre sur l’approfondissement du plaidoyer du continent au sein du G20, en sélectionnant des questions clés où elle peut avoir un impact significatif.
Elle a recommandé à l’Afrique du Sud de profiter de sa présidence pour s’attaquer aux goulets d’étranglement qui entravent depuis longtemps l’intégration régionale en Afrique
La présidence sud-africaine du G20 en 2025 est un moment charnière pour la nation et le continent. Avec l’inclusion récente de l’UA dans le G20, une occasion historique se présente de réorganiser l’intégration régionale en Afrique.
Selon le professeur Bradlow, le succès de l’Afrique du Sud dépendra de sa capacité à trouver un équilibre entre les priorités immédiates et les objectifs mondiaux à long terme, et à faire en sorte que le G20 reste une plateforme pour une croissance inclusive et équitable.
Avec Afrique Renouveau