La première session ordinaire du Conseil National du Crédit (CNC) au titre de l’année 2023 s’est tenue le mardi 21 mars 2023 à Lomé. Le ministre PRE Simfeitcheou, Conseiller auprès du Président de la République qui a présidé les travaux en l’absence du ministre de l’Economie et des Finances, en commentant l’environnement macro-financier relève trois principales évolutions en ce qui concerne le financement de l’économie togolaise.
La première évolution est relative à l’accroissement soutenu du volume de crédit octroyé aux opérateurs économiques. « En effet, les créances intérieures, c’est-à-dire les financements accordés au secteur privé et à l’État, ont progressé de 29% en un an à 1.848 milliards en 2022, après la hausse de 9% en 2021. Le taux de financement de l’économie est ressorti à 33% en 2022, après 31% en 2021, soit l’un des plus élevés de l’Union » fait savoir le ministreconseiller, PRE Simfeitcheou, pour qui la deuxième évolution positive relative au financement de l’économie togolaise porte sur la baisse des taux d’intérêt débiteurs de 20 points de base, en glissement annuel, à 7,4% en 2022.
Enfin, le troisième point d’amélioration concerne la poursuite de l’assainissement du portefeuille de crédit des banques et des systèmes financiers décentralisés. Le taux brut de dégradation du portefeuille de crédit des banques est ramené à 8% à fin décembre 2022, après 12% un an plus tôt et 16% au 31 décembre 2020.
Quant aux institutions de microfinance, le représentant du ministre de l’Economie et des Finances dire que leur taux brut de dégradation du portefeuille de crédit s’est établi à 4% à fin décembre 2022, contre 5% au 31 décembre 2021, pour une norme de 3%. « Au regard de ces évolutions, je voudrais féliciter, encore une fois, tous les acteurs, en particulier les premiers responsables des banques et des systèmes financiers décentralisés. Je les encourage à maintenir cet élan pour accompagner les opérateurs économiques dans ce contexte particulier marqué par les besoins importants de financement des entreprises et de l’Etat. J’exhorte particulièrement les banques et les systèmes financiers décentralisés à développer des produits innovants visant à mobiliser sur le marché ou directement auprès de la clientèle l’épargne disponible pour accroître les concours à l’économie » dixit PRE Simfeitcheou.
De la situation économique
Au Togo, les projections laissent apparaître une résilience de l’activité économique, avec un regain de croissance économique de 80 points de base à 6,6% en 2023, après 5,8% en 2022 et 6% en 2021. Tous les secteurs contribueront à cette croissance économique, en particulier le secteur tertiaire dont la contribution est attendue à 4%.
Quant au taux d’inflation, il devrait amorcer une baisse pour se situer en moyenne à 6,8% à fin décembre 2023, contre 7,6% en 2022 et 4,5% en 2021. Au titre des finances publiques, le budget de l’Etat est légèrement en hausse. La loi des finances 2023 a arrêté un budget de 1.958 milliards, contre 1.876 milliards dans le budget 2022 remanié. Dans le cadre de l’exécution du budget 2023, il est prévu 575 milliards des ressources à tirer des emprunts obligataires.
« C’est pourquoi monsieur PRE demande « au Président de l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers du Togo (APBEF-Togo), qui est présent parmi nous, d’exhorter les banques à soutenir davantage le Trésor public dans la mobilisation des ressources sur le marché régional des titres publics »
Renchérissement des coûts des opérations de transfert
Les opérateurs économiques constituent un maillon central de l’économie et donc de l’activité du système bancaire. Le rôle des banques est entre autres de faciliter et de fluidifier les transactions liées à leurs opérations, surtout celles avec l’étranger. « Malheureusement, il m’a été rapporté que certains opérateurs économiques éprouvent des difficultés, dans le cadre du règlement de leurs fournisseurs étrangers, notamment européens, en raison du renchérissement des coûts des opérations de transfert. Ces pratiques sont intolérables », fait remarquer le ministre conseiller qui peut compter que l’assurance du Directeur National de la BCEAO.
Ce dernier rassure. Il a organisé le 10 février dernier une réunion avec les Directeurs généraux des établissements de crédit pour clarifier les dispositions réglementaires en matière de conditions de banque sur les opérations de transfert hors UEMOA. Il est toutefois demandé au Président de l’APBEF-Togo d’inviter les établissements de crédit à prendre des mesures idoines pour se conformer aux dispositions réglementaires relatives aux conditions de banque sur les opérations de transfert hors UEMOA.
Leçons à tirer des récentes faillites bancaires
A travers la faillite de certaines banques aux Etats-Unis, on peut déduire que les institutions financières, qui ne prennent pas suffisamment de dispositions pour respecter les normes des indicateurs de solidité financière, peuvent se retrouver dans des situations similaires et faire faillite.
Pour monsieur PRE, conscient de l’importance du rôle que les établissements de crédit jouent dans l’économie, « je voudrais demander au Directeur National de la BCEAO d’exhorter les établissements de crédit à prendre des mesures idoines pour améliorer davantage leur situation prudentielle, afin de rendre leur établissement plus solide et plus résilient, gage de la stabilité du système financier. »
Perspectives pour 2023
Comme le président statutaire l’avait relevé lors de son intervention au cours de la session du CNC du 22 décembre 2022, les banques et les systèmes financiers décentralisés (SFD) doivent relever en 2023 les défis ci-après : l’accroissement des financements aux micros, petites et moyennes entreprises à des coûts abordables ; l’augmentation du financement des secteurs de l’agriculture et de l’habitat ; le renforcement de la digitalisation des services financiers ; et l’amélioration continue de la qualité des services financiers.
En ce qui concerne la qualité des services financiers, toutes les dispositions sont prises pour l’opérationnalisation, avant la fin de l’année 2023, de l’Observatoire de la Qualité des Services Financiers du Togo (OQSF-Togo).